Le Formindep demande le maintien de l’amendement à la loi sur la transparence de l’information médicale voté par le sénat le 19 novembre lors de l’examen du PLFSS 2009, qui autorise les ordres professionnels à rendre publiques les conventions passées entre les médecins et l’industrie pharmaceutique.
Communiqué
Le 19 novembre dernier au Sénat, lors de la discussion du PLFSS 2009, les sénateurs ont adopté un amendement à la loi sur la transparence de l’information médicale (Article L4113-13 du code de la santé publique) qui prévoit que les conventions passées entre les médecins et l’industrie pharmaceutique soient rendues publiques par l’ordre des médecins. Cette possibilité accordée aux citoyens de prendre connaissance des liens d’intérêts des médecins avec l’industrie est une avancée considérable pour la transparence de l’information médicale, pour la qualité et le coût des soins qui en découlent, pour la vie démocratique en général car l’impact des conflits d’intérêts dépasse largement le monde de la santé. Malheureusement, du fait de l’opposition de la Ministre de la santé et de l’influence du lobby pharmaceutique, cet amendement risque très probablement d’être rejeté par la commission mixte paritaire des deux assemblées qui va se réunir jeudi 27 novembre pour finaliser la loi. Le Formindep, association citoyenne de patients et de professionnels de santé, demande que les élus de la République ne laissent pas passer cette chance de mettre réellement en place les moyens de la transparence de l’information médicale, et maintiennent cet amendement dans le texte de loi définitif. En matière de santé, l’intérêt des patients et des professionnels de santé doit primer sur celui des firmes et de leurs actionnaires. A travers le maintien ou le rejet de cet amendement, les députés et sénateurs auront l’occasion de dire clairement au nom de quels intérêts ils agissent. Télécharger le communiqué du Formindep Format pdf. Taille :115 ko. ———-
Pour en savoir plus :
Extrait du compte rendu de la séance du 19 novembre 2008 au Sénat
M. le président. L’amendement n° 430, présenté par M. Autain, Mme David, M. Fischer, Mmes Hoarau, Pasquet et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé : Après l’article 33, insérer un article additionnel ainsi rédigé : Après le premier alinéa de l’article L. 4113-13 du code de la santé publique, il est inséré un alinéa ainsi rédigé : « Les conventions conclues entre les membres des professions médicales et les entreprises ou établissements mentionnés au premier alinéa doivent être rendues publiques. Les conditions d’application du présent article sont fixées par décret en Conseil d’État. » La parole est à Mme Isabelle Pasquet. Mme Isabelle Pasquet. Depuis le 25 mars 2007, date de la parution du décret d’application, l’article 26 de la loi relative aux droits des malades est enfin applicable ; il s’agit de l’article L. 4113-13 du code de la santé publique. Il prévoit que tout professionnel de santé – médecins, pharmaciens – doit déclarer ses liens d’intérêts avec les entreprises commercialisant ou fabriquant un produit de santé. Cette obligation s’applique aux interventions professionnelles et dans les médias grand public, quel que soit le support : écrit, oral, électronique ou audiovisuel. En effet, imposer l’indépendance, renforcer la transparence sont essentiels pour la garantie de soins de meilleure qualité, mais aussi pour la réduction des dépenses de sécurité sociale. L’information subjective, partisane, manipulée, émise par un professionnel de santé à destination d’un patient, d’un confrère ou de n’importe quel citoyen peut entraîner des soins injustifiés et avoir de graves conséquences en termes de vie humaine au premier chef, comme ce fut le cas lors de l’affaire du Vioxx en 2004, mais aussi des conséquences financières. Une étude en date de 2008 réalisée par le Congrès des États-Unis tend à démontrer qu’une économie de 35 % pourrait être réalisée chaque année sur les dépenses de santé si les patients comme les professionnels de santé disposaient de données non biaisées sur l’efficacité des traitements médicaux. Or la loi n’est pas appliquée. On pourrait d’ailleurs en dire autant de l’article R.161-85 du code de la sécurité sociale puisque la Haute Autorité de santé n’a toujours pas rendu possible à ce jour la déclaration publique d’intérêts des membres de la commission de transparence pour la période 2004-2006. Il semble que les ordres professionnels n’assurent pas la mission de contrôle et de sanction qui leur a été confiée par la loi dans ce domaine. Dépositaires des conventions et contrats liant le professionnel avec une entreprise en vertu de l’article L. 4113-6 du code de la santé publique, ils sont pourtant les seuls à pouvoir dire qu’un médecin qui n’a pas déclaré de lien d’intérêt n’en a effectivement pas en vérifiant qu’il ne leur a pas transmis de convention passée avec une entreprise. Bien entendu, la mise en place d’une obligation, à la charge des professionnels, de rendre publiques les conventions passées avec les entreprises agissant directement ou indirectement dans le domaine de la santé ne doit pas porter sur l’ensemble des éléments inscrits dans ces conventions, telles que des données pharmacologiques ou cliniques, qui doivent rester dans le domaine de la propriété industrielle ; elle porte uniquement sur le fait que ce professionnel a un rapport de dépendance financière vis-à-vis de l’entreprise. Pour aider les ordres professionnels dans cette tâche difficile, je propose, par cet amendement, que les conventions soient rendues publiques. Ainsi, quiconque le souhaite pourrait vérifier que le professionnel concerné s’exprime en toute indépendance sur un produit de santé. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Alain Vasselle, rapporteur. Avis défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. Je comprends le souci de transparence de Mme Pasquet. Il y a transmission de ces conventions au conseil de l’Ordre et cela est vérifié sur le plan ordinal. Simplement, si ces conventions étaient rendues publiques, se poseraient évidemment des problèmes graves d’atteinte à la vie privée que cet amendement ne permet pas de résoudre. Les contrôles existent mais ils doivent, à mon avis, rester de l’ordre de la surveillance ordinale. C’est la raison pour laquelle je ne peux pas être favorable à votre amendement, madame Pasquet, même si je partage votre souci de transparence, laquelle est assurée. M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 430. (Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, adopte l’amendement.) M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 33. (Applaudissements sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.) M. François Autain. Monsieur le président, devant le succès remporté par cet amendement, je retire les amendements nos 139 rectifié, 433 et 432. (Sourires.) M. Jean-Jacques Jégou, rapporteur pour avis. Bravo !
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