La nouvelle Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) vient de lancer le 29 Juin 2012 un appel à candidature pour recruter des experts indépendants. Le Formindep se réjouit de cette décision, mais comme le constate de manière édifiante Dominique DUPAGNE sur Atoute.org, l’ANSM ne se donne pas les moyens de ses ambitions pour avoir une expertise indépendante de qualité. Outre l’indemnisation minimale des experts, qui ne couvrira qu’une partie de leur travail d’expertise et de la perte de revenus liée à cette activité, aucune formation de ces experts n’est prévue au programme. Le Formindep estime que cette formation est pourtant indispensable pour permettre une expertise de qualité, solide et durable, seule à même de garantir des décisions prises dans le seul intérêt de la santé publique, favorisant la sécurité sanitaire et générant de substantielles économies. Dominique DUPAGNE rappelle l’exemple de la réévaluation à la baisse des médicaments de la maladie d’Alzheimer par la Commission de la transparence de la HAS en octobre 2011. Cette réévaluation, parce qu’elle s’est fondée sur une expertise indépendante, a permis à l’assurance maladie de réaliser une économie de cinquante cinq millions d’euros . Une partie de ces économies pourrait ainsi largement financer une École européenne de l’expertise sanitaire publique proposée dans le rapport du Sénat sur le Mediator° et réclamée par le Formindep . L’industrie pharmaceutique se bat avec des armes financières extrêmement puissantes. The Economist Times relate le 04 Juillet 2012, comment trois grandes firmes pharmaceutiques ont, aux USA, accepté de payer de colossales amendes suite à des fraudes scientifiques et/ou des publicités mensongères : GSK pour 3 milliards de dollars, Abbott pour 1,6 milliard de dollars et Johnson & Johnson pour 2 milliards de dollars. Si ces sommes ne semblent pas devoir être suffisamment dissuasives pour inciter les firmes à modifier leurs comportements, cela traduit parfaitement la valeur que ces industries accordent à l’influence qu’elles opèrent sur les médecins et les patients. En ce sens le recours à des experts, indépendants certes mais mal rémunérés, non formés spécifiquement, non reconnus professionnellement, nous semble voué à l’échec. Le Formindep demande que le projet d’École européenne de l’expertise sanitaire publique devienne une préoccupation d’actualité pour le nouveau gouvernement et l’Assemblée nouvellement élue.