Nous relayons ici le communiqué de presse de Cancer Rose concernant la décision de l’Institut National du Cancer (INCa) de faire taire le débat scientifique, sous couvert de traquer les “fake news”.


Au mois de mai 2020, une trentaine de sociétés de rédacteurs dénonçaient “avec la plus grande fermeté” la rubrique intitulée “Désinfox Coronavirus” lancée par le gouvernement.[1]

Les journalistes arguaient que “L’Etat n’est pas l’arbitre de l’information”.
Ce site a été supprimé, quelques jours plus tard.
La leçon n’a, visiblement, pas été retenue.

Ainsi, aujourd’hui dans une même logique l’Institut National du Cancer [2] a décidé d’étudier la création d’ un “CSA de la santé”, pour “instaurer des règles en matière d’information en santé.
Ce dispositif CSA Santé ne sera pas limité au champ du cancer, et concernera donc tous les blogs santé, tous les médecins blogueurs sur les réseaux sociaux (sites web,  twitter, facebook), et tous les articles santé dans les média (presse en ligne).
Cette décision est prévue dans un accord-cadre avec les hébergeurs de contenus (médias, réseaux sociaux) pour qu’ils fassent un “travail d’élimination des fake-news identifiées par un collège d’experts.”

Le dispositif de lutte contre les “fake news” est déjà en place, il fait partie des actions démarrées en 2021.
L’INCa est pilote de cette action comme indiqué dans la feuille de route dans la stratégie décennale Plan Cancer 2021-2030.
(Fiche action I.2., action I.2.3, page 10, “Mettre en place un dispositif de lutte contre les fake news” (action I.2.3)).[3]

Ainsi, afin de mettre en pratique immédiatement cette action, l’Institut National du Cancer français qualifie d’emblée “d’Infox” la controverse internationale qui existe sur la balance bénéfices-risques du dépistage du cancer du sein.

C’est ce que l’on retrouve sur le site de l’INCa sous l’onglet : “éclairages, l’info derrière l’intox” qui présente par ailleurs la signalétique de la République Française [4].

L’Institut National du Cancer a depuis toujours, diffusé une information partisane et promotionnelle du dépistage du cancer du sein[5], faisant la part belle à l’efficacité du dépistage en minimisant le surdiagnostic et ses graves conséquences (surtraitements).

En décrétant que “le débat scientifique peut avoir une répercussion négative sur les femmes…”, l’INCa suit la même logique que l’Etat dans l’affaire du site “Désinfox Coronavirus” : s’arroger un rôle de censeur dans la production médiatique, et accorder une conformité aux seuls médias qui délivreront l’information sélectionnée par les « experts » de l’Institut.

En qualifiant d’infox toute contradiction scientifique, en désignant comme “fake news” des informations qui ne vont pas dans le sens officiel, en faisant faire par des “experts” “un travail d’élimination” de tout ce qu’il estimera contraire à sa propre communication, L’INCa exercera tout simplement de la censure, dans un pays où la liberté d’expression et la liberté de la presse sont des libertés fondamentales.


[1]https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2020/05/05/le-gouvernement-supprime-sa-page-controversee-desinfox-coronavirus_6038753_3236.html

[2]https://consultation-cancer.fr/consultations/axe-1-ameliorer-la-prevention/consultation/consultation/opinions/2-prendre-ensemble-le-virage-preventif/mesures-proposees/mettre-en-place-un-dispositif-de-lutte-contre-les-fake-news

[3] https://www.e-cancer.fr/Institut-national-du-cancer/Strategie-de-lutte-contre-les-cancers-en-France/La-strategie-decennale-de-lutte-contre-les-cancers-2021-2030/Le-lancement-de-la-strategie

[4] https://leseclairages.e-cancer.fr/

[5] https://pratiques.fr/Aveugles-et-Sourds