Le Formindep ne soutient pas les récentes prises de positions de François Pesty.

Il faut lire et relire, tout en se protégeant de la nausée, le remarquable article de François PESTY de décryptage de la “recommandation” de la Société Française de l’hypertension artérielle, sur la prise en charge de l’hypertension. Un exercice de décryptage des liens d’intérêts des auteurs, minutieux, détaillé, éclairant et non dénué d’humour comme le Formindep sait le faire. Comme le dit François PESTY dans la conclusion de son article, il faut espérer que la HAS, mais aussi les autres organismes sanitaires auxquels cette recommandation est destinée (CNAMTS, INPES) sauront balayer d’un revers le scandaleux exercice de propagande et de manipulation pharmaceutique que représente ce document.

C’est à cela qu’on saura si les autorités sanitaires savent réellement tirer leçon, dans l’intérêt des patients, des scandales sanitaires liés aux influences des firmes pharmaceutiques dont les leaders d’opinions sont les acteurs, et leurs prétendues “sociétés savantes” les vecteurs. Comme l’a fait fin 2011 l’ANSM en refusant de publier les recommandations de son groupe de travail sur les infections respiratoires, du fait des conflits d’intérêts de ses membres, entraînant la salutaire démission de ces vierges industrielles outragées. L’attitude vis-à-vis de la question des conflits d’intérêts, décrite dans l’article de François PESTY, d’un de ces “experts” lors de “Journées de l’hypertension artérielle” révèle à la caricature l’attitude méprisante et dangereuse de ces dealers d’opinion vis-à-vis de la transparence et de l’indépendance de l’information médicale.

Méprisante, car ces personnages affichent sans barguigner leurs liens d’intérêts pour répondre aux critères des publications internationales, lorsqu’il s’agit de publier des articles, souvent sponsorisés, afin de nourrir leur carrière. Mais en France, pour l’information des usagers, des professionnels de santé, les liens d’intérêts sont “un problème complexe qui plombe nos relations“, donc à évacuer.

Dangereuse, car il n’est plus discutable que les liens d’intérêts non régulés, non maîtrisés, dissimulés et niés constituent pour l’information médicale, tout comme dans la vie politique, un biais majeur. Et que de cette information manipulée découlent des soins inappropriés, dangereux, parfois mortels, comme en témoignent tragiquement les victimes du Vioxx°, du Mediator°, et tant d’autres.

Au delà de l’arrogance de ces comportements, c’est bien de compétence professionnelle qu’il s’agit de parler, lorsqu’on refuse aussi délibérément l’existence d’un tel risque sanitaire. L’information médicale ne supporte pas plus les salissures que les mains d’un chirurgien qui doit opérer. Comme le demande de façon répétée le Formindep, seule la création d’un corps d’experts sanitaires européen indépendant sera à même de constituer le bouclier sanitaire indispensable pour protéger l’information médicale et la santé des populations.