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Alors que, comme chaque année en octobre, l’infantilisante et commerciale propagande rose déferle pour inciter au dépistage du cancer du sein par la mammographie, le Formindep publie trois articles importants pour rappeler le B-A BA de la décision de santé dans une société démocratique : permettre aux personnes concernées de décider en toute liberté sur la base de données fiables.

Ce sont d’abord deux articles essentiels de Bernard Junod, médecin de santé publique, membre du Formindep, mis à la retraite d’office de l’École de santé publique (EHESP) pour avoir lancé l’alerte sur les risques de surdiagnostic du cancer du sein en France. Il publie dans le numéro de septembre de la revue internationale BMC cancer, un article cosigné entre autres par Per-Henrik Zahl et Robert Kaplan, sur l’apparente épidémie de cancer du sein en France et ses liens avec le dépistage mammographique. L’article de présentation de cette enquête et sa traduction française sont .

L’autre article de Bernard Junod évalue à la lumière des données épidémiologiques en France le risque de surdiagnostic de cancer du sein par le dépistage mammographique : En 2008 ce sont près de 100 surdiagnostics par jour, cent ! Cent femmes à qui on annonce chaque jour un « cancer » confirmé par biopsie après mammographie mais qui n’aurait jamais eu de conséquence, et autant d’angoisse, de traitements et de chirurgie inutiles et risqués.

Pourquoi ces faits ne sont-ils pas portés à la connaissance des femmes à qui est proposé ce dépistage pour leur permettre un libre choix ? Au nom de quels intérêts ?

C’est à ces questions que répond Rachel Campergue, dans le livre No Mammo ?, préfacé par Bernard Junod et présenté dans la médiathèque du Formindep. Seul un non soignant pouvait avec audace et lucidité mettre ainsi les pieds dans le plat médico-industriel. Et cela sans altérer la force de la démonstration fondée sur des faits tangibles.

Après les récents désastres sanitaires, de la grippe H1N1 au Mediator, le chœur des camelots des autorités sanitaires entonne l’air connu du “plus jamais ça !“, tout en exposant aux citoyens sur l’étal branlant du stand vermoulu de la politique sanitaire française, assises et colloques en tous genres, rapports pipés, bâclés ou enterrés, projets de loi variés ou avariés, comme autant de marchandises à emporter, de fausses chances à saisir, de pseudo-promotions alléchantes censées “restaurer la confiance”.

Pourtant les pistes pour rebâtir réellement la confiance sont claires et simples : l’accès de tous, citoyens et soignants, aux données fiables, validées et indépendantes des intérêts marchands, pour des choix éclairés et libres à l’abri de toute pression. Si le chemin est clair les obstacles ne manquent pas parmi lesquels le manque de volonté des autorités sanitaires et des soignants à se protéger efficacement des influences industrielles, le refus de considérer soignants et usagers des soins comme des citoyens responsables à même de penser et de décider par eux-mêmes.

Récemment l’INCa aurait refusé le débat avec l’auteure du livre No Mammo ? au prétexte qu’elle n’était pas médecin. Rien ne change au fond.

Plus jamais ça ? Chiche.

Philippe FOUCRAS