En mai dernier des responsables de l’agence italienne du médicament (AIFA) avaient été impliqués dans un scandale, accusés d’avoir accordé des AMM de médicaments en échange de paiements des firmes. Les firmes Bayer et GSK ont été citées dans la presse italienne, mais ont bien sûr démenti. Ce scandale avait créé un malaise jusqu’au niveau européen, puisqu’un des responsables italiens impliqué avait également des responsabilités importantes au sein de l’agence européenne du médicament (EMEA). L’occasion était trop belle pour le gouvernement italien de Silvio Berlusconi de se saisir de ce prétexte pour faire un ménage “industriel” au sein de l’agence du médicament. En effet l’AIFA, outre ces missions réglementaires comme la fixation du prix des médicaments, fournit également une information indépendante aux professionnels de santé, et finance une recherche médicale indépendante des firmes qui faisait référence, en particulier en médecine générale. Le gouvernement Berlusconi vient donc de limoger le directeur de l’agence italienne, Nello Martini, qui n’avait pas de part dans le scandale, et de décider la réorganisation de l’agence en l’amputant de certaines de ces prérogatives qui seront confiées maintenant au ministère de la santé. Des chercheurs et des cliniciens italiens viennent de lancer un appel contre le limogeage de Nello Martini, rappelant qu’il faisait un travail exemplaire en protégeant l’agence des pressions des firmes et en contenant les dépenses de médicaments en Italie. Parmi les signataires de l’appel, Gianni Tognoni, président de l’institut Mario Negri, proche de la revue Prescrire en France. Maria Font, présidente de l’International Society of Drug Bulletins (ISDB), dont fait partie la revue Prescrire, déplore également le renvoi de Nello Martini. Les firmes pharmaceutiques peuvent se réjouir. Les patients et les professionnels de santé, en particulier médecins généralistes, moins.