L’assemblée générale annuelle de l’association Formindep s’est déroulée le 19 novembre 2011 dans l’Espace Prescrire 68-70 boulevard Richard Lenoir 75011 Paris.

Accueil

  Philippe FOUCRAS, président du Formindep, souhaite la bienvenue aux participants de l’Assemblée Générale et se félicite de leur nombre important. A l’ouverture de l’assemblée, 37 membres sont présents, 38 autres, absents, ont donné un pouvoir de vote. _ Il souhaite aussi la bienvenue à Irène FRACHON et Rachel CAMPERGUE, invitées et rappelle que l’assemblée générale est un lieu de rencontre et de partage de nos actions et de nos idées, mais aussi de nos efforts ou de nos difficultés. _ Il présente rapidement l’organisation de la journée et l’ordre du jour. Avant d’ouvrir la matinée par le débat: résister aux influences, quelles compétences ? , il propose un tour de table rapide pour que chacun se présente: – Bernard JUNOD : médecin de santé publique, administrateur du Formindep – Louis Adrien DELARUE : médecin généraliste, remplaçant nouvellement thésé – Ludivine BUHLER: interne en médecine générale – Luc DUSSART: Consultant tabacologie, administrateur du Formindep – Antoine CAVILLON: usager de soin – Jean-Benoit CHENIQUE : médecin généraliste – Marie-claude MARCHAND : pédiatre – Paul SCHEFFER : doctorant – Sylvain DUVAL : professeur de biologie – Jean-Claude BERGES : ancien cheminot – François AUTAIN : sénateur honoraire, médecin retraité – Philippe NEKROUF : médecin généraliste – Marie KAYSER : médecin généraliste – Jean-Claude SALOMON : médecin chercheur retraité – Florence AMROUCHE a travaillé 26 ans dans industrie, reconvertie dans le monde du handicap – Irène FRACHON : pneumologue – Philippe NICOT : médecin généraliste administrateur du Formindep – Agnès NICOT : médecin caisse régime général – Rachel CAMPERGUE : caméraman sous-marin, kiné, auteur de no Mammo – Catherine SOKOLSKY : rédactrice en chef de Que Choisir Santé – Anne CHAILLEU : ingénieur, administrateur du Formindep – Jean LALEUW : médecin généraliste, trésorier du Formindep – Thierry GOURGUES : médecin généraliste, secrétaire du Formindep – Philippe MASQUELIER : médecin généraliste, vice-président du Formindep – Nathalie PERRONET : médecin généraliste co-fondatrice du blog Voix Médicale – Françoise TOURMEN : Gynécologue – Thibaud GOURRONC : externe à Rennes – Christian PARROT : médecin généraliste en retraite – Jessica GUIBERT : interne en médecine générale à Grenoble , fondatrice de l’association MEDSI (étudiants externes et internes), intéressée par les questions sur la résistance au système de santé et de l’information (moyens de formation alternative, de résistance et de lutte politique) – Zoéline CALET : externe en médecine, Marseille, bureau de MEDSI – Alizée FIQUEMONT : externe en médecine, Grenoble, membre MEDSI – Ariane SALOME : externe en médecine à Paris – Gérard GASTAN : médecin généraliste calais et formateur – Philippe SENTIS : médecin généraliste Toulouse – Robert MOLIMARD : altertabacologie, administrateur du Formindep – Charles DUPAGNE : Etudiant 4°année de médecine, Paris – Dominique DUPAGNE : médecin généraliste webmasteur Atoute.org – Philippe FOUCRAS : médecin généraliste Nièvre, Président du Formindep – Catherine DORMARD : médecin généraliste dans l’Essonne Le trombinoscope de l’assemblée générale est visible ici (merci à Dominique DUPAGNE pour son reportage photographique et sa mise en ligne). Philippe FOUCRAS exprime ses remerciements aux participants, à La Revue Prescrire pour la mise à disposition de ses salles et à tous ceux qui ont organisé l’AG. L’intégralité de l’ AG est reproduite ci dessous (résumé, ppt, verbatim ou fichiers sonores).
 Il est possible de passer d’une séquence à l’autre en cliquant sur “séquence suivante“. Le procès verbal des motions et votes extrait de cette AG est accessible directement par ici.

LE DEBAT : RESISTER AUX INFLUENCES, QUELLES COMPETENCES ?

– Résumé (ou lire le verbatim): | Philippe FOUCRAS nous invite à réfléchir, à partir de notre capacité critique individuelle, à la façon dont nous pouvons nous engager comme lanceur d’alerte pour préserver la santé publique. De quel engagement parle-t-on ? Jusqu’à quelle prise de risque aller pour faire avancer les choses ? Comment se protéger dans cet engagement ? Qu’est devenue la proposition du Grenelle de l’environnement de promouvoir une structure de recueil des alertes et de protection de leurs auteurs ? _ Les actions de résistance doivent se baser sur des dossiers solides et argumentés, et sur la persévérance du lanceur d’alerte qui ne doit pas rester isolé . Le résistant doit s’entourer d’un réseau pour diffuser l’information, pour y trouver le soutien nécessaire. La large diffusion du discours des détracteurs permet facilement de s’en libérer. Dans l’opinion publique et auprès des journalistes, il y a un après Mediator. Mais les progrès législatifs ne sont pas au rendez-vous. _ Les changements législatifs qui permettraient de prendre en compte les avis des lanceurs d’alerte ne pourront se réaliser que sous la pression citoyenne forte. A cause des résistances au changement, le législateur défend avec plus de vigueur l’emploi de l’industrie que la sécurité des produits de santé. Les rapports du Sénat (rapport d’enquête sur la grippe, mission d’information sur le Mediator) et de l’IGAS sont cependant des points d’appui intéressant pour ces lanceurs d’alerte. Depuis un an ou deux, beaucoup de choses ont tout de même changé. _ La rupture de l’omerta expose le lanceur d’alerte. Il s’agit pour lui de dénoncer mais de ne jamais diffamer ou calomnier. Les pressions exercées quelques fois violentes sur les lanceurs d’alerte pour les faire taire ont tendance à se retourner contre leurs auteurs. Les conflits d’intérêts peuvent être à l’origine du défaut d’engagement de ceux qui savent. _ L’enseignement dans les facs ne forme pas les étudiants à l’esprit critique, bien au contraire. Se former dans ce domaine est une prise de risque pour les étudiants. Le courage des étudiants pour mener des actions de résistances a besoin de soutiens (Pratiques, SMG, Formindep). Le courage est une compétence professionnelle.|
– Le verbatim (ou passer à la séquence suivante): Philippe FOUCRAS : _ Avant le Mediator, certains avaient ouvert les yeux et savaient depuis plusieurs années, grâce à leur capacité critique et leur capacité à ouvrir les yeux. Certains ont tenté d’informer sans suite. Une personne a décidé de faire plus que d’informer mais d’alerter et faire que les choses bougent. Elle a pris des risques. Il y a deux niveau d’alerte: -* un premier niveau d’information, comme Prescrire qui remet en question le dépistage du cancer du sein, Alzheimer; la prise en compte de ces informations par le soignant constitue pour lui une prise de risque dans le contexte actuel. Mais comment aller plus loin sur le plan collectif ? -* un deuxième niveau d’alerte doit exister afin que les problèmes ne se pérennisent pas, comment faire avancer les choses pour la santé individuelle et la santé publique ? Catherine Dormard : _ Un médecin est d’abord un citoyen comme les autres dans la mesure où le plan financier de la santé représente un budget de la nation. _ Problème des lanceurs d’alerte et de leur protection. Le médecin a t-il besoin d’être autant ou plus protéger que les autres ? _ J’ai appris par les médias l’histoire de cette femme qui s’est battue pendant des années pour faire reconnaître les dangers d’un gaz utilisé dans la stérilisation, elle a écrit deux bouquins. _ Qu’est devenue la proposition du Grenelle de l’environnement de créer une autorité qui rassemblerait l’expertise pour protéger les lanceurs d’alerte médecin ou non ? Catherine SOKOLSKY : _ Je ne suis pas d’accord avec vous, je fais un distinguo entre médecin et non médecin, en tant que journaliste je donne une information par exemple sur le dépistage du cancer du sein à destination des femmes. Libre à elle d’accepter ou non la mammographie. Le médecin est face à d’autres enjeux, en particulier les pressions induites par le paiement à la performance, et certains seront tentés de faire du chiffre. Dans certains pays, comme en France, les médecins reçoivent la liste des patientes n’ayant pas participé aux dépistages et il leur est quelques fois demandé de justifier les raisons des refus. C’est un peu entrer en dissidence pour un médecin que ne pas promouvoir le dépistage. Gérard GASTAN : _ Malgré l’information loyale que je dispense aux patientes, les femmes que je vois participent au dépistage dans la même proportion que la moyenne nationale sans aucune incitation de ma part. Les femmes vont se faire une mammographie parce qu’il y a une campagne de pub. Philippe NICOT : _ Je pense qu’il a deux aspects d’abord la capacité à entrer en résistance et à se faire des ennemis. Et puis il faut un dossier béton. Il faut être solide, il faut avoir mené un travail d’investigation qui ne supporte pas d’être approximatif. Au bon endroit, au bon moment. Etre persévérant. Iréne FRACHON : _ Poids du secret dans le domaine de la santé : peut-on tout dire ? La rupture de l’omerta expose le lanceur d’alerte.  Eviter la calomnie et la diffamation mais importance de la dénonciation (mais le code de déontologie nous laisse penser que l’on ne peut pas rompre l’omerta alors qu’il s’agit de protéger l’intérêt du patient) : il faut répondre point par point aux critiques, le dossier doit être très solide, garder toutes les preuves. Jean LALEUW : _ Importance de ne pas rester seul compte tenu des inimités et des ennemis. Nathalie PERONNET : _ Voix médicales a publié la thèse et document de travail de Louis-Adrien DELARUE, depuis deux mois aucun retour malgré la médiatisation de LAD et de la thèse. Irène FRACHON : _ La vérité ne protège pas de la diffamation. Philippe NEKROUF : _ Une législation ne pourrait t-elle pas être établie face au carence de l’état qui devrait porter la vigilance nécessaire? François AUTAIN : _ Il est très difficile de faire paraître des amendements aux lois de santé publique, les choses ne pourront être modifiées que de l’extérieur sous la pression des associations des citoyens. Ce sont les crises sanitaires qui ont permis de changer des choses (Thalidomide, Sida, Vache folle) De nombreuses législations sont non appliquées ou détournées sous la pression des lobbies pharmaceutiques. Le problème du médicament est essentiellement vu sur le plan économique, même dans la bouche de certains thérapeutes ou du président de la commission AMM. Alors que le Sénat est de gauche, il n’a pas été capable de s’opposer aux décisions qui vont à l’encontre de l’intérêt de la santé publique (remboursement des ASMR 4 et 5). Il y a plus d’intéret à défendre l’emploi de l’industrie de la santé que de s’occuper de la sécurité des produits de santé. Rappelez vous l’omerta à l’occasion de la pandémie grippale : seuls quelques rares médecins ont eu un discours « hérétiques » . Il y a peut-être un avant Mediator, il n’y aura pas d’après Mediator : le texte actuel est inquiétant et à de fort risque de ne pas être repris. Malheureusement les changements concrets ne viendront pas du pouvoir législatif. Philippe FOUCRAS : _ Cependant tous les rapports produits pourront servir d’outils pour appuyer des actions et impuiser des idées. Philippe MASQUELIER : _ L’exemple des sociétés savantes de médecine générale qui ont collaboré à l’élaboration des recommandations professionnelles Alzheimer tout en refusant de les signer est intéressant. Cette opposition n’a pas été rendue publique. Ces sociétés savantes ont fait preuve d’esprit critique, elles ont écrit une lettre de protestation. Elles ont fait preuve d’une certaine compétence cependant inopérante pour les années qui ont suivi. Pour quelles raisons n’ont elles pas plus communiqué et agi ? Conflits d’intérêts institutionnels ? Si on considère que les conflits d’intérêts constituent un risque sanitaire et non pas une question uniquement morale comme ils sont souvent considérés, l’absence d’engagement des sociétés savantes a participé à la poursuite de traitements inutiles à la balance bénéfice/risque très douteuse et à la mobilisation de 300 millions d’euros par an pour le financement des médicaments qui auraient pu être mobiliser pour le financement de 10 000 postes d’aides-soignants. Philippe NICOT : _ Les sociétés savantes n’ont rien fait par manque de courage. Les pressions exercées sur les lanceurs d’alerte pour les faire taire ont tendance à se retourner contre leurs auteurs Philippe FOUCRAS : _ Le courage doit t-il être une compétence professionnelle ? Louis-Adrien DELARUE : _ Courage ou inconscience ? Je suis parti inconscient, avec la chance de pouvoir compter sur l’appui d’un directeur de thèse charismatique qui m’a permis d’accepter le sujet proposé sans peur. J’étais inconscient sur les risques de procès en diffamation, mais conscient des soutiens que je pouvais avoir, j’étais conscient du collectif. Mon directeur de thèse m’a invité à me mettre en relation avec Dominique DUPAGNE et avec Philippe FOUCRAS. J’étais conscient des liens que je devais créer pour me protéger : les personnes, les collectifs, la toile internet (inscription à différents forum pour lier des amitiés, diffuser ma thèse, et obtenir le soutien dont j’avais besoin quand je n’allais pas très bien et que je n’avais pas trop le moral). La diffusion du verbatim sur le site Atoute est un élément majeur parce que les mots de mes détracteurs se retournent contre eux. Révéler l’inconsistance du discours des détracteurs via internet, Formindep, Atoute, Forum…est un poids majeur et c’est évident que si un jour, j’avais un souci via le conseil de l’ordre, j’aurais alors un soutien. C’est ce soutien qui m’a permis de ne pas avoir peur pendant l’élaboration de la thèse. J’ai eu de très bons rapports avec les journalistes. Quoiqu’en dise François AUTAIN je trouve qu’il y a un après Mediator et j’ai senti aussi au cours de ma soutenance que l’affaire Médiator pesait. Il y a eu des réactions dans la salle qui je pense n’auraient pas eu lieu en absence de l’affaire Médiator. Philippe SENTIS : _ Au moment de la pandémie grippale à l’occasion d’une soirée de FMC, je me suis fait traiter d’assassin, je n’ai dû ma sortie tranquille qu’à ma corpulence de rugbyman costaud. J’ai été convoqué au conseil de l’ordre pour avoir mis en bas des mammographies les références Cochrane. La réaction peut être violente. Ne partez pas tout seul. Marie KAYSER : _ Courage dans un collectif, c’est que l’on essaie de faire à Pratiques, mais on ne l’a pas eu cependant tout le temps. Le paiement à la performance doit poser question aux médecins, et nous devons, en tant que syndicat, denoncer les conflits d’intérêts par rapport aux prescriptions délivrées aux patientèles. Paul SCHEFFER : _ Nous étions hier à La bourse du travail sur le sujet de la formation médicale à partir du dernier numéro paru dans Pratiques. Le débat avec l’Anemf était stimulant et encourageant : il ne faut pas seulement arrondir les angles, surtout depuis l’affaire Mediator. Mediator est un mot magique qui m’a permis d’obtenir un contrat doctoral. Le Formindep ne veut pas se substituer comme outil de formation en parallèle, on est confronté aussi à cela dans le domaine de l’alimentation nutrition et nous nous posons la question d’éducation alternative à l’esprit critique. Notre association organise un colloque sur deux jours 17-18 mars 2012 sur la formation à l’esprit critique et la place du politique. Charles DUPAGNE : _ Dans ma fac, j’ai essayé de faire changer l’enseignement initial, le doyen en réunion m’a demandé de me taire. L’indépendance des enseignants est une catastrophe. L’enseignement actuel ne nous forme pas à l’esprit critique. Bien au contraire, il l’empêche, nous poser des questions nous coûte plus que ce que cela nous apporte. Jean-Claude SALOMON : _ Faut-il être plutôt offensif que défensif ? Irène FRACHON nous a dit qu’on l’avait traitée de mal élevée et de terroriste. C’est le sort que l’on réserve à tous les gens qui commencent à résister. Au minimum, ils sont mal élevés, au pire ils sont terroristes, ce n’est pas nouveau et nous ne sommes pas les derniers. Il ne faut pas avoir d’illusion sur ce que feront les politiques. Cependant il y a un an avait lieu une première réunion dans laquelle intervenait Bernard JUNOD sur le surdiagnostic du cancer du sein. Aujourd’hui trois réunion se préparent sur le sujet, bien entendu pas dans le sens qui nous souhaitons, mais aujourd’hui c’est la controverse qui est d’actualité alors que tous les moyens étaient mis pour qu’elle n’ait pas lieu. Ca avance, l’adversaire est plein de points de fragilité, par exemple Servier mis au ban des industries pharmaceutiques, ce qui était impensable. Le Formindep est moins inconnu, la Revue Prescrire a été valorisée… Dominique DUPAGNE :   _ Je voulais parler de la question de la diffamation. C’est une arme utile qui peut se retourner contre le plaignant, grace à la force de la toile et des liens qu’elle crée entre nous. Ainsi le président du CDO de Paris m’a convoqué parce que j’avais dit du mal du dépistage du cancer de la prostate sur France inter, j’ai médiatisé cette convocation et quand je suis arrivé devant lui, c’est lui qui avait peur ! Robert MOLIMARD : _ Comment lever l’omerta sur les publications Prescrire, sur les travaux du Formindep, sur les lanceurs d’alerte. Souvent grâce au barrage linguistique de l’anglais, les sociétés savantes communiquent via des revues aux mains des firmes. Comment trouver d’autres points d’appui ? Jean-Benoit CHENIQUE : _ Je suis médecin généraliste et j’ai été nommé à la commission de pharmacovigilance de l’AFSSAPS au motif que j’étais généraliste et indépendant : il semble y avoir actuellement des jugements de la pharmacovigilance en fonction de la firme (Servier versus Sanofi) Philippe FOUCRAS : _ Le courage pourrait être une compétence professionnelle dans une vision de société qui serait au service du bien commun. Quand on agit uniquement pour soi même, c’est de la lâcheté. Ce courage peut n’être que la capacité à fonder son jugement sur des données fiables, à ne pas être seul, à savoir évaluer les risques. A un certain moment, il faut savoir sortir d’un cadre, et même si cela devient alors dangereux, c’est source d’une certaine fierté. Jessica GUIBERT : _ Le courage a besoin de coopération entre les organisations. Nous sommes ici un groupe d’étudiants qui veulent reprendre en main leur formation et qui ont besoin d’appui. Nous en avons trouvé jusqu’à maintenant auprès de Pratiques et du SMG, et probablement aussi auprès du Formindep. Le courage a besoin d’être facilité, on a des cours pour lesquels les professeurs ne déclarent jamais aucun de leur CI. Si au début du cours, nous déposions un tract qui dirait «si vous ne déclarez pas vos CI nous vous attaquerons au CDO», ce serait déjà un de ces petits actes de résistance et de courage.

LE RAPPORT MORAL (première partie)

1/ Abrogation des recommandations sur le diabète de type 2 et sur la maladie Alzheimer – Résumé (ou lire le verbatim) : | Philippe MASQUELLIER rappelle tout le processus qui a permis l’abrogation de ces deux recommandations : – mise en évidence du défaut de transparence (mars 2009), – dépot du recours au Conseil d’état et les premières pressions exercée sur la HAS, – audition de Philippe FOUCRAS au sénat dans le cadre de l’enquète sénatoriale au cours de laquelle Laurent DEGOS, alors président de la HAS, reconnait l’action du Formindep et l’effet de ses “verges” (juin 2010), – aborgation de la recommandation sur le diabète (avril 2011) rapidement suivi de l’annonce sur France Inter du retrait de celle sur la maladie d’Alzheimer, – thèse de Louis Adrien DELARUE qui remet en cause la validité de 6 recommandations (juin 2011) – la réevaluation par la HAS de toutes les recommandations de ces 5 dernières années (juillet 2011), – suspension de 6 autres recommandations (septembre 2011), – dégradation (octobre 2011) de la note des médicaments anti-alzheimer, – condamnation de la HAS à verser 1500 euros au Formindep Voila bien une action citoyenne patiente et endurante qui aura permis l’accès à une information indépendante et une modification significative de l’intérêt de médicaments entre le recours à une expertise sous influence et celui d’une expertise indépendante.|
– Le verbatim (ou lire la séquence suivante) : Philippe FOUCRAS : _ L’outil juridique, s’il est bien pertinent et professionnel, permet de faire avancer les choses. Le fonctionnement de l’Afssaps a été modifié par l’affaire Mediator, celui de la HAS par la décision du Conseil d’Etat. La vigilance reste de mise. Philippe MASQUELIER : _ En mars 2009 la mise en évidence du défaut de transparence et d’indépendance de l’expertise sollicitée (liens d’intérêts majeurs) par la HAS en contradiction avec la législation a été l’objet de notre démarche. Au fur et à mesure de notre travail et de notre recours à l’encontre des recommandations de la HAS, en fonction des pressions exercées sur la HAS, il y a eu des modifications progressives de la HAS, avec retard comme toujours. Ainsi après le dépôt du recours et l’audition de Philippe FOUCRAS au Sénat dans le cadre de l’enquête sénatoriale sur la grippe, a eu lieu l’audition de Laurent DEGOS président de la HAS au cours de cette même enquête. En juin 2010, à cette occasion Laurent DEGOS interrogé déclare à propos de l’action du Formindep : « mais je vous remercie beaucoup, que c’est grâce à ces verges parce que nous nous améliorons, c’est à dire que nous nous sommes améliorés immédiatement après, non mais c’est vrai, c’est grâce à ces moments difficile que l’on essaie d’avancer ». Quelques mois auparavant en mai 2010 la HAS publiait un nouveau Guide sur la gestion des conflits d’intérêts de l’expertise. Dans le contexte de l’affaire Mediator survenait le 27 avril 2011 l’abrogation de la recommandation diabète par la Conseil d’Etat et puis deux semaines plus tard au cours de l’émission le téléphone sonne de France Inter à laquelle était conviée Philippe FOUCRAS et monsieur Laurent DEGOS, ce dernier annonce sans que l’on s’y attende l’abrogation spontanée de la recommandation Alzheimer. Louis-Adrien DELARUE soutient en juin sa thèse qui remet en cause l’indépendance de l’élaboration de 4 recommandations de la HAS au motif des liens d’intérêts détenus pas les experts. La HAS fait l’annonce de la ré-évaluation des médicaments Alzheimer. Cette dernière a lieu rapidement le 20 juillet en faisant appel à une expertise externe exempte de liens d’intérêts industriels. La commission de la transparence rend publique le 19 octobre 2011 sa décision de dégrader très significativement la note des médicaments anti-Alzheimer. En septembre, la HAS annonce la suspension de six autres recommandations au motif d’un défaut de gestion des liens des liens d’intérêts de l’expertise. Le 18 octobre 2011 la HAS était condamné à verser 1500 euros au Formindep dans le cadre de la procédure d’abrogation de la recommandation Alzheimer. Il s’agit donc ici d’une action citoyenne du Formindep pour faire valoir le droit à une information indépendante libre d’influences industrielles. Elle a permis d’obtenir des changements tangibles, pas forcément durable, concernant le recours à une expertise externe de la HAS. Il s’agit aussi d’un exemple de modification significative de l’intérêt de médicaments entre le recours à une expertise sous influence (CT février 2007) et celui d’une expertise indépendante (juillet 2011). Avec in fine un bénéfice potentiel important pour les patients et la société si on prend en compte la nouvelle cotation des médicaments anti-Alzheimer (SMR faible, ASMR 5), et que l’on transfère le budget de 300 millions d’euros actuellement consacrés à ces médicaments inutiles vers le financement de 10 000 poste ETP d’aides-soignants permettant une prise en charge utile pour les patients, leurs familles et les établissements d’accueil. Philippe NICOT : _ Ils ont été obligés de faire appel à des experts indépendants pour la réévaluation des médicaments. J’ai déposé ma candidature. Je me suis retrouvé avec 24 kg de dossiers, non indexés, il y avait moins de huit semaines pour rendre mon rapport. J’ai passé des nuits à ce travail. J’ai découvert une alerte Afssaps sur ces médicaments et j’ai retrouvé les études à l’origine de cette alerte. Elle révèle une augmentation de la mortalité pourtant très rarement rapportée et même minorée dans un rapport officiel de pharmacovigilance PEIMA. Mais depuis l’affaire Mediator, les choses semblent avoir changé, mes remarques ont été prises au sérieux et prises en compte par la commission de la transparence. L’enregistrement vidéo de la commission de la transparence est un progrès. Ainsi on y voit le Pr Dartigues comme expert au service des firmes. Je suis un peu déçu que le SMR n’ait été voté que faible et non pas insuffisant comme je le proposais, à une voix près. Cela s’est joué à pas grand chose puisqu’un des membres de la CT a dit que s’il avait pris connaissance de l’intervention de l’expert des firmes avant le vote, il aurait voté pour un SMR insuffisant…C’est parce qu’il y a eu le recours en CE que les experts liés aux firmes sont interdits d’accès. Ce n’est pas parce que l’on est indépendant que l’on va faire un bon rapport qui est très difficile à réaliser et qui va changer quelque chose. J’ai reçu un chèque de 376 euros, j’y ai passé 300 heures, il y avait 15000 pages non indexées scannées. Les bonnes informations se trouvaient ailleurs. Les autres agences se sont fait avoir, le NICE a fait l’impasse sur les effets indésirables qui sont considérés comme mineurs, il n’y a que la France qui a dégradé son évaluation de l’intérêt des médicaments. Si les experts liés aux firmes n’avait pas été interdits d’accès pour faire cette expertise, on aurait jamais pu inverser la tendance. François AUTAIN : _ Effectivement, concernant la commission de la transparence, il y a des progrès considérables qui ont été accomplis, je ne mettrai pas sur le même plan BOUVENOT et ceux qui animent la commission de l’AMM, BOUVENOT n’a pas de liens d’intérêts. Je considère que c’est un expert honnête qui a énormément de difficultés face au CEPS et aux firmes. La CT est responsable de la classification des médicaments en fonction SMR (4 niveaux) et ASMR (5 niveaux). Malgré la dégradation de leur note, puisque la maladie d’Alzheimer est prise en charge à 100%, ces médicaments resteront pris en charge à 100 % par l’assurance maladie. Cependant ce nouvel avis de la CT peut avoir une influence sur les prescriptions des médecins lesquels sont cependant soumis à la pression des laboratoires. C’est dommage parce qu’effectivement si les 300 millions de médicaments étaient consacrés au financement d’aidants, les choses seraient changées et seraient beaucoup plus utile. Ces modifications n’auront sans doute pas les conséquences que l’on aurait pu espérer avec un SMR insuffisant bien que le CEPS aurait pu corriger cet avis et permettre le maintien du remboursement. La revue du Leem est très contant du président de la commission d’AMM. Philippe GRUMBERG : _ Il y a quand même une limitation de la prescription à un an, est-ce qu’elle nous permet de supprimer toutes les prescriptions qui existent déjà à vie ? Philippe FOUCRAS : _ En tout cas moi, elle me le permet…pas plus tard qu’hier. Philippe NICOT : _ Vous avez un rapport qui écrit que le SMR est faible avec un ASMR 5, des effets secondaires importants, fractures, chutes, prothèses, pace maker, vous pouvez arrêter très facilement, il n’y a aucune perte de chance pour les malades, il y a des arguments forts. Le seul bé mol est que l’on n’a pas pu assurer qu’il n’y ait pas des patients qui puissent en bénéficier, cependant aucun sous groupe de patients répondeurs n’est identifié. Nous avons des arguments forts pour dire « je refuse de prescrire ». Zoéline CALET : _ Nous avons suivi, en tant qu’étudiants, ce que vous avez fait sur ce sujet. Mais, étudiants, nous ne sommes pas encore prescripteurs. Nous essayons de replacer cette affaire et les problèmes sous jacent dans le cadre de notre formation à l’esprit critique et à la matière LCA (lecture critique et analyse d’articles) qui est à notre sens une grosse blague, en tout cas à Marseille, parce que les professeurs qui nous enseignent cela ne nous forment pas l’esprit critique sur un article scientifique. On apprend tout par cœur. Comment arriver à cet esprit critique, ce n’est pas dans les murs de la faculté que l’on pourra le faire, alors que cela nous permettrait de nous défendre en particulier vis à vis des visiteurs médicaux qui nous font rentrer les noms de spécialités dans la tête à coup de croissants et de petits déjeuners. La faculté ne nous donne pas d’arguments pour répondre à cela. Il faudrait consacrer du temps supplémentaires à cela, il faudrait tout reprendre en dehors de la faculté, mais on n’a pas le temps. Philippe NICOT : _ La lecture critique que j’utilise n’est pas forcément celle qui permettrait de réussir ses examens…les biostastistiques ne sont pas suffisantes, elles sont souvent utilisées pour montrer sous un jour favorable les résultats des essais. Ce qui est intéressant, c’est de s’occuper des données manquantes, au biais de publication, aux auteurs fantômes, et à la falsification des données qui est une pratique courante. Louis-Adrien DELARUE : _ En tant que remplaçant, j’arrive à interrompre les médicaments anti-Alzheimer sans soucis en argumentant en particulier en prenant en compte les effets secondaires et en faisant références aux données (Prescrire, HAS …) Mohamed EL KHEBIR : (qui vient de rejoindre l’assemblée générale et se présente: médecin urgentiste qui a suivi une formation EBM au Canada, et est l’animateur d’une émission santé sur Radio Libertaire.) _ Pour répondre à l’étudiante de Marseille : de mon temps, la lecture critique n’existait pas. Des outils ont été mis en place qui nous permettent d’exercer notre critique. A Marseille, il existe un DU de formation, il en existe également un à Lyon et un à Bordeaux. Il y a des gens qui s’intéressent à la transmission de ces connaissances. A partir du moment où l’on s’inscrit dans une démarche critique, que l’on refuse d’absorber de manière passive tout ce qui nous est imposé et dit, il est de notre ressort de se donner les moyens de résister. il existe de nombreux sites anglosaxons, je vous conseille la lecture d’un livre “User’s” of Guide to the Medical Literature, A Manual for Evidence-Based Clinical Practice”, en anglais d’ abord facile. Il existe aussi lsur le lsite de l’université Lyon1, le DU de Michel CUCHERAT en accès libre et que l’on peut faire par correspondance. Il existe aussi une tentative de création d’un groupe COCHRANE France par Philippe RAVAUD mais qui est en situation de conflits d’intérêts majeurs, en particulier avec SERVIER. Philippe FOUCRAS : _ Grace au recours au conseil d’état, la HAS a découvert qu’il y avait une expertise indépendante, elle n’est pas facile à trouver, elle peut être trouvée en dehors du milieu hospitalo-universitaire comme l’atteste l’exemple de la nouvelle recommandation diabète pour laquelle des médecins généralistes, des infirmiers et des représentants des patients ont été sollicités. L’expertise indépendante existe donc, la HAS est en train de le découvrir, contrairement à l’argumentaire souvent développé selon lequel il n’existerait pas de bon expert indépendant. Toute l’action du Formindep et de Philippe NICOT en particulier justifie pleinement la revendication du Formindep de créer un corps d’expert indépendant, et de donner les moyens de l’indépendance reprise dans le rapport d’information du Sénat sur le Mediator. Philippe NICOT a pu à lui tout seul et grâce à un engagement bénévole réaliser une expertise de qualité et indépendante. Mais il faut mettre en place des moyens d’une véritable expertise sanitaire publique indépendante (indépendance est une condition nécessaire mais non suffisante pour la qualité), pour former des experts à l’expertise sanitaire publique qui ne seraient plus uniquement issus du milieu hospitalo-universitaire et qui auraient les moyens et la reconnaissance de leur action : c’est la Proposition n°9 du rapport du Sénat. Cette nécessité a été parfaitement illustrée par l’ensemble de la procédure menée par le Formindep devant le Conseil d’Etat. Paul SCHEFFER : _ A propos de cette action citoyenne exemplaire, Régine Boutrais qui travaille à l’Anses soutient une thèse de sociologie sur le thème de la valeur de l’expertise citoyenne. 2/ Mediator, Assisses du Médicament, rapport du sénat, projet de loi sécurité sanitaire – Résumé (ou lire le verbatim) : | Philippe FOUCRAS rappelle que l’audition du Formindep au Sénat a eu pour résultat le plus significatif, la reprise de la proposition d’une expertise sanitaire publique indépendante (proposition n°9). Les Assises du Médicament et le coup d’éclat du caméscope interdit à concouru à la mise en place de la transparence des débats des assises mais aussi à ceux de la commission d’AMM et de la commission de la transparence, le b.a-bas de la citoyenneté. La question du maintien ou le départ du Formindep des Assises a permis de réfléchir à la place du Formindep comme contre-pouvoir. Les résultats acquis jusqu’à maintenant confirme le bienfondé de cette position. Sylvain DUVAL témoigne dans son activité professionnelle que l’affaire Mediator lui permet de remettre en cause le pouvoir tout puissant des médecins dont l’information pourrait être sous influence. François AUTIN a indiqué que la première partie du rapport d’information du Sénat sur le médiator a été orientée par des sénateurs sous influences de Servier. La rapporteure n’y fait pas exception puisqu’elle a fait appel à un expert en lien avec Servier pour relire et modifier le rapport. Il semble que le Sénat n’a pas la volonté de se saisir de cette affaire qui pourtant pourrait avoir une suite judiciaire. Irène FRACHON témoigne que ce sont deux mensonges criminels du laboratoire Servier qui l’ont poussé à écrire son livre : 1/ la dissimulation par le laboratoire de la présence de norfenfluramine poison mortel à l’origine des valvulopathies. 2/ le caractère totalement mensonger de l’information à propos du Mediator vers les médecins généraliste en particulier. Les faits relatés n’ont bouleversé ni l’Afssaps ni le Sénat, ils ont au contraire été l’objet d’un combat violent dans lequel les défenseurs de Servier ont été très actifs.|
– Le Verbatim (ou passer à la séquence suivante) : Philippe FOUCRAS : _ La présence du Formindep a pu favoriser la réflexion nationale sur ces affaires. Cette réflexion a pu être menée au cours des auditions du Formindep à l’assemblée nationale et au Sénat. Mais c’est surtout la réflexion menée avec François AUTAIN sur le rapport Sénat et ses propositions comme celle sur l’expertise indépendante qui est la plus significative. Il y a eu la présence furtive aux Assises du Médicament et ce caméscope interdit. C’est l’interdiction de filmer qui est à l’origine de notre départ des assises, et c’est grâce à cela que les débats des assises ont finalement été rendu visibles. Cette transparence des débats a été acquise à cette occasion, elle a été ensuite retrouvée à l’occasion de la commission d’AMM de l’Actos puis de la commission de transparence sur les médicaments Alzheimer. C’est quand on voit ces débats que l’on comprend les choses : qui anime, l’influence des conflits d’intérêts. Permettre au citoyen de pouvoir accéder à ces commissions parce que cela le concerne, c’est le b.a.-ba de la citoyenneté. Ce n’est pas encore compris, alors que toutes ces délibérations devraient être rendues publiques. On a parlé d’omerta, il y a vraiment un engagement de confidentialité qui la plus part du temps défend des intérêts particuliers au dépens de l’intérêt général. _ Notre action aux assises a permis sur ce point là de faire avancer les choses. Un soutien par souscription a été sollicité, il a permis de récolter près de 10 000 euros en deux semaines pour financer la présence de quatre membres du Formindep. Ce soutien aurait été nécessaire si nous avions poursuivi notre participation, c’est encourageant de se rendre compte de la réalité du soutien du Formindep dans ses actions. _ Le retrait des assises alimente la réflexion sur les notions de pouvoir et de contre-pouvoir, le Formindep est un contre-pouvoir disponible pour parler, interpeller, déranger, mettre le bazar et aussi donner des réponses. Les résultats acquis confirment l’intérêt d’être un contre-pouvoir, la tentation du pouvoir est toujours là. Ainsi nous avions été invité en 2010 par Didier HOUSSIN suite à l’action d’interpellation sur le Tamiflu, à l’issue de la rencontre nous avait été proposés de travailler ensemble, ce que nous avons refusé. Pas de mélange des genres. Le Formindep a une mission d’interpellation, il y a ceux qui décident et ceux qui interpellent. Sylvain DUVAL : _ Le mot Mediator a fait perdre le pouvoir tout puissant du médecin qui peut être mal informé. Changement de paradigme, on peut remettre en cause un avis médical qui repose sur des informations falsifiées. François AUTAIN : _ Le rapport avait été revu et corrigé par un imminent immuno-pédiatre qui entretient des liens très étroits avec le laboratoire Servier. J’ai découvert cela dans la presse. J’ai voté le rapport en l’état tel qu’il avait été modifié, j’ai laissé faire le rapporteur sur la partie de l’histoire du Mediator° d’autant que le rapport de l’IGAS développe cet aspect. La rapporteure a été soucieuse de rétablir un équilibre qui n’aurait pas été respecté entre les différents intervenants. Dans la commission siégeait la sénatrice du Loiret, porte parole des intérêts de Servier et qui intervenait à chaque fois que les intérêts de Servier était égratignés, elle était très liée au rapporteure. Je me suis contenté de la partie Mediator°, par contre on m’a laissé entière liberté sur la deuxième partie. Après en avoir reparlé de cette affaire avec la rapporteure, elle m’a dit qu’elle ne savait pas, elle avait besoin d’être rassurée. In fine les modifications observées sont mineures. Irène FRACHON : _ Ces modifications sont mineures mais significatives François AUTAIN : _ On ne pourra plus utiliser cette partie du rapport au motif de ces modifications. Il n’y a pas de volonté au Sénat de se saisir de ce scandale. La question est de savoir si on peut se saisir de cette affaire sur le plan juridique Irène FRACHON : _ Juste quelques mots sur ces différentes auditions, cela va se rapprocher de ce que Louis-Adrien DELARUE a vécu. J’ai eu une extrême naïveté de penser que lorsque les éléments de preuve de mon livre seraient publiés montrant la délinquance des laboratoires au travers de mensonges criminels tout serait réglé. Ces éléments de preuve concernent : 1/ la dissimulation par le labo de la présence de norfenfluramine poison mortel à l’origine des valvulopathies. 2/ le caractère totalement mensonger de l’information à propos du Mediator° vers les médecins généraliste en particulier Ces éléments étaient impossibles à laisser dans l’ombre. Concernant l’obligation de témoigner je pense la chose qui m’a conduite à ce témoignage c’est que j’ai été mis en face d’un crime de masse, les choses sont alors très simple, c’est ce qui m’a poussé à écrire ce livre. A ma grande stupéfaction j’ai réalisé que la révélation de ces actes criminels ne bouleversaient ni l’Afssaps ni les élus des assemblées. Mes propos y ont été farouchement combattus. J’y suis allée la fleur au fusil, j’ai craché mon affaire archi-cool. A l’assemblée nationale mais encore plus au Sénat certains élus étaient manifestement en service commandé. Ce que j’ai apporté au Sénat a été différent de ce que j’ai témoigné de l’Assemblée nationale (le Mediator° pour les nuls), j’y ai traité des stratégies de lobbying du laboratoire Servier au cours des âges. Je n’ai rien à cacher contrairement aux autres : c’est une force. Au Sénat j’ai rappelé que cette histoire n’a de sens que dans l’évocation des victimes du Mediator°. La rapporteure en a été très contrariée. Ce sont les documents que j’avais préparés qui m’ont permis de poursuivre malgré la chape que j’ai ressentie. J’ai pu ainsi témoigner de la stratégie de lobbying de Servier : carotte et bâton, corruption, intimidation pression. Je suis ressortie de cette audition très déstabilisée. Ce qui a été ressenti aussi par d’autres. Je découvre le rapport du Sénat et suis très impressionnée par la deuxième partie du rapport et beaucoup plus perplexe sur la première partie. La principale défense du laboratoire : Irène FRACHON a avoué qu’il n’y avait aucun signal sur le Mediator° jusqu’en 2009.Tout ce joue sur la manipulation des termes de traduction d’un article anglais. Cette question a été reprise lors des échanges sous écoute entre HERMANGE et son expert. Le malaise, la chape ressentie je les ai analysés comme secondaire au fait que la rapporteure était en service commandé de Servier.

RAPPORT MORAL (deuxième partie)  

1/ Voix Médicale – Formindep, une synergie Nathalie PERONNET présente le site de Voix Médicales, l’histoire de sa création, ses objectifs, ses premières publications et les perspectives de développement. Pour élargir le cercle encore restreint des auteurs de ce site, elle lance un appel à toutes les bonnes volontés et propose de faire participer les internes de médecines générales à l’écriture d’un SCRIPT dans le cadre de leurs propres obligations de formation. Ecouter ici sa présentation (4 mn): _
2/ Pillule du surlendemain Françoise TOURMEN présente ici un témoignage rare et passionnant sur sa prise de conscience modeste et honnête des influences nuisibles qui s’exerçaient sur elle contre l’intérêt de ses patients. Elle raconte comment et pourquoi elle a refusé en 2009 d’être leader d’opinion pour promouvoir une nouvelle pilule du lendemain. Son expérience a été mis en ligne sur le site ici mais peut être écoutée en version audio ci-dessous (20 mn): _ en parcourant son diaporama
3/ Dépistage du cancer du sein
Bernard JUNOD rappelle ici qu’il avait prophétisé dans la conclusion de son exposé des rencontres du Formindep de 2010 que la parole était à prendre par les femmes: il se réjouit donc du travail réalisé par Rachel CAMPERGUE dans le livre qu’elle vient de publier: No Mammo ?. _ Il vient rappeler aussi, comme il l’avait exposé cette année lors d’une conférence dans un service d’oncologie pédiatrique que la définition histologique d’un cancer, à plus forte raison du sein, n’est pas une condition suffisante pour en faire une maladie cancéreuse: il illustre son propos à l’aide de l’étude de 110 autopsies de femmes agées 20 à 54 ans et décédées de façon imprévue. Cette étude montre que la recherche massive d’un tissu cancéreux avec un microscope (analyse histologique) et grâce au repérage mammographique fabrique plus de maladies cancéreuses qu’il n’en existe dans la réalité: c’est le surdiagnostic. Ecouter sa présentation (8 mn 30): _
Rachel CAMPERGUE, auteure de “no Mammo ?“, prend la suite de Bernard JUNOD qu’elle remercie de présenter les faits. Mais pour elle, exposer les faits n’est pas suffisant, le travail de communication est primordial. Ce n’est pas en écrivant des roman-photos qui promeuvent le dépistage du cancer du sein, ce n’est pas en responsabilisant uniquement les soignants que les bonnes informations passeront. Ce sont bien sur aussi les soignées qui doivent ouvrir les yeux, et critiquer tout ce qu’on veut leur faire avaler. _Il ne s’agit pas de semer la confusion, comme beaucoup de journalistes le lui ont reproché à la sortie de son livre, il s’agit de sortir du message unique et infantilisant d’un discours paternaliste. Ouvrir les yeux, c’est aussi étudier le mode de communication des lobbies qui ont déjà apprivoisé la notion dérangeante du surdiagnostic en le minimisant (5 à 10 % nous dit-on ?) et en exprimant, à travers de nombreuses associations sponsorisées, des “monstruosités” comme “ne pas se sentir concerné” ou “ne pas demander à être responsable de son traitement” ou “accepter l’inévitable”. Ecouter sa présentantion (23 mn 40): _
4/ Europe et médicaments, EMA Depuis que l’Agence européenne du médicament (EMA) a lancé en juin 2009 une consultation publique sur sa nouvelle politique de transparence, Anne CHAILLEU, , au nom du Formindep qui est partie prenante du Collectif Europe et Médicament et de ALTER-EU, ne lâche plus l’EMA d’une semelle.
 Là où la transparence et l’indépendance de l’agence sont loin d’être une règle de conduite, Anne CHAILLEU nous énumère les actions passées et en cours sur l’accès complexes et censurés aux données de pharmacovigilance , sur la révélation du pantouflage scandaleux de l’ancien directeur de l’agence et sur les espoirs d’une amélioration de son fonctionnement, grâce à l’application de nouvelles règles de gestion des conflits d’intérêts par exemple.
 Ecouter son intervention (36 mn) : _ _ et parcourir son diaporama
5/ Le site, la vie de l’association Thierry GOURGUES, secrétaire de l’association, brosse un portrait rapide de l’association: 200 adhérents, 700 signataires de la charte, une centaine d’abonnés à la liste de discussion. La grande majorité des adhérents sont médecins, surtout des généralistes mais il y a de plus en plus d’étudiants (une bonne vingtaine). Il présente aussi la vie du site: augmentation de sa fréquentation depuis la dernière version du site mise en place il y a un an, diffusion d’une lettre de diffusion à 800 abonnés environ, portail facebook et compte twitt, et projets d’aménagements (page adhérents, carte géographique interactive). Ecoutez son intervention (10 mn): _
6/ Rapport Financier Avant de présenter le rapport financier, Jean LALEUW, trésorier de l’association, annonce sa démission à ce poste qu’il a tenu depuis sa création. _ Philippe FOUCRAS le remercie chaleureusement pour son exemplarité et sa rigueur et propose, en accord avec Jean, que Jean-Benoit CHENIQUE, adhérent de la première heure et lui même riche d’une expérience associative à ce type de poste, le remplace s’il est élu ce jour au conseil d’administration où il présentera tout à l’heure sa candidature. Le bilan comptable de l’année court de sept 2010 à aout 2011 avec un solde comptable de fin d’exercice de 13 000 environ. _ Malgré les fortes dépenses, comme les 20000 euros en 2 ans d’actions contre la HAS, le bilan est largement équilibré par des dons, comme les honoraires qu’a perçu par exemple Irène FRACHON au décours de l’affaire Mediator, comme la souscription qui avait été faite pour financer la présence du Formindep aux Assises du Médicaments ou comme les 1500 euros que la HAS a été condamnée de verser à l’association. Ecouter son intervention (10 mn) : _ et visualiser son diaporama.
7/ Les votes Conformément à l’ordre du jour, le président ouvre la dernière partie de l’assemblée générale aux votes des rapports moral et financier, du nouveau CA, des modifications du réglement intérieur et du choix de la nouvelle adresse du siège social. Un extrait du procès verbal de ces votes est consultable ici. – Vote du rapport moral et du rapport financier Après s’être assuré que personne ne s’oppose ni au vote à main levée ni au vote groupé des rapports moral et financier pour tous les adhérents à jour de leur cotisation et présent dans la salle, porteurs éventuels de pouvoirs, Philippe FOUCRAS procède au vote.
 Le rapport moral et le rapport financier sont approuvés à l’unanimité. Ecouter son intervention (1mn30): _
– Renouvellement du conseil d’administration Cette année a vu le renouvellement pour un mandat de 3 ans du poste de 5 membres sortant du conseil d’administration (L. Duisit, P. Foucras, T. Gourgues, J. Laleuw et R. Molimard) et le pourvoi de 2 postes de membres démissionnaires pour 1 année restante (M.L. Dretzolis et A. Wasnieswki remplacé en cours de mandat par P. Nicot coopté par le CA précédent). 8 candidats ont postulé et se sont présenté devant l’assemblée : L.A. DELARUE, J.B. CHENIQUE, F. AUTAIN, P. NICOT, T. GOURGUES, R. MOLIMARD et P. FOUCRAS. et P. de CHAZOURNES, absent mais dont l’acte de candidature reçu la veille a été lu par que le secrétaire devant l’ AG. Ecouter la présentation des candidats (9 mn 30): _
Conformément aux statuts de l’association, le vote a été organisé à bulletin secret auprès des 35 votants présents et les 38 pouvoirs ont été distribués (10 pour P. Foucras, 9 pour J. LALEUW, 3 pour P. Masquelier, 3 pour T. Gourgues, 2 pour P. Nekrouf, 1 pour R. Molimard, 1 pour P. Nicot et 9 pouvoirs blancs répartis aléatoirement dans l’assemblée), soit 73 votants.

 Résultats : AUTAIN F (73) – CHENIQUE JB (73) – DE CHAZOURNES P (52) – DELARUE LA (73) – FOUCRAS P (73) – GOURGUES T (73) – MOLIMARD R (69) – NICOT P (71) (majorité à 73/2 + 1 = 37) Le Conseil d’adminstration du Formindep est désormais composé de 13 membres : AUTAIN François, CHAILLEU Anne, CHENIQUE Jean-Benoît, COLETTI Michel, DE CHAZOURNES Philippe, DELARUE Louis-Adrien, DUSSART Luc, FOUCRAS Philippe, GOURGUES Thierry, JUNOD Bernard, MASQUELIER Philippe, MOLIMARD Robert, NICOT Philippe. Un appel à candidature en vue de l’élection du nouveau bureau sera organisé dans les semaines qui viennent sur la liste de discussion du CA (ca_formindep@formindep.org ). – Modification du règlement intérieur Avec l’objectif d’actualiser et réévaluer l’indemnité pour perte de revenus des professionnels non salariés, missionnés par le bureau ou le CA, il a été proposé et voté une modification du paragraphe 5 (“Indemnisation”) de l’article 3 du règlement intérieur (RI). Le paragraphe à remplacer : Les Membres du CA ou les personnes mandatées par le CA qui doivent interrompre leur activité professionnelle non salariée pour participer aux réunions du CA ou à des actions peuvent prétendre à une indemnisation compensatrice de leur perte d’activité à hauteur de 150 euros par demi journée sur justificatifs. Le nouveau texte soumis au vote : Les membres du Formindep mandatés par le bureau ou le conseil d’administration de l’association, qui doivent interrompre leur activité professionnelle non salariée pour participer aux réunions du conseil d’administration ou à des actions, peuvent prétendre à une indemnisation compensatrice de leur perte d’activité à hauteur de 7,5 C par demie journée, sur justificatifs (C étant le tarif conventionnel en cours de la consultation de médecine générale). Le président procède au vote qui se fait, en accord avec l’assemblée, à main levée (35 présents / 35 votants).
 _ La modification du RI a été approuvée à l’unanimité. – Changement de l’adresse du siège social Depuis son origine, l’adresse du siège social de l’association, 188 rue Daubenton 59100 ROUBAIX, était celle du cabinet médical de Jean LALEUW, trésorier démissionnaire.
 _ Il est proposé d’utiliser dorénavant celle du vice-président, Philippe MASQUELIER: 1100 Rue Faidherbe – 59134 FOURNES-EN-WEPPES. Le président procède là aussi au vote à main levée (35 présents/35 votants).
 _ Le changement d’adresse a été approuvée à l’unanimité. Ecouter le déroulement du vote (8 mn): _

Avant de conclure, quelques questions sont rapidement soulevées dans l’assemblées : – projet de constitution d’une antenne suisse du Formindep, dont l’un des représentants, Jean-Pierre SPINOZA, invité, n’a pas pu faire le déplacement. – l’école formindep, toujours dans une impasse, faute de moyen et de volonté. Devant le succès de cette journée, dont la qualité et le plaisir des échanges a été contenu dans des impératifs de temps, le président propose d’organiser pour l’année prochaine deux journées plutôt qu’une, ce que l’ensemble des présents approuvent à l’unanimité. _ Philippe FOUCRAS remercie chaleureusement toute l’assemblée. Ecouter la cloture de l’assemblée (2 mn): _


Fin de l’assemblée générale