« Ce qui n’est pas transparent est considéré comme biaisé, incompétent ou corrompu, jusqu’à preuve du contraire. » Cette phrase « m’est venue » d’une certaine façon. Je l’ai peut-être rêvée (je fais des rêves bizarres) ou formulée en pleine discussion, ou peut-être même… que j’ai entendu quelqu’un la prononcer. Habituellement quand je l’utilise (ce que je fais assez souvent) je l’introduis par cette petite formule : « Qu’on le veuille ou non… » Car c’est moins un jugement sur comment les choses devraient être qu’une observation de ce qu’elles sont. Le Premier ministre britannique a-t-il vacciné son petit garçon contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) ? Le fait qu’il refuse de le dire, ce que je comprends tout à fait, crée une énorme suspicion. La semaine dernière, des rumeurs ont couru à propos de certaines tendances dans la « Royal Society » parce que le système opaque destiné à élire ses membres, n’a pas choisi la Baronne Greenfield, la neurobiologiste « porteuse de mini-jupes » qui a la faveur des médias. Et pourquoi George Bush comparaît-il seulement à huis-clos avant que le comité mène l’enquête sur la stratégie de son administration vis-à-vis du terrorisme ? « Qu’a-t-il à cacher ? » se demande le simple quidam prenant le bus à Topeka. Une grande partie, probablement la majorité, des services médicaux sont loin d’être transparents. Qui sont les meilleurs hôpitaux ? Les meilleurs médecins ? Pourquoi certaines personnes ont accès à des soins intensifs et pas d’autres ? En quoi est-il aussi évident qu’il faille autoriser le secret sur les médicaments ? Comment sait-on quels patients « ne sont pas aptes à être réanimés » ? Pourquoi les médecins restent calmes vis-à-vis de collègues incompétents ? Pourquoi n’avons-nous étés que récemment informés à propos des multiples erreurs de diagnostics qui se produisent lors des soins ? Je vais soutenir au « forum européen sur l’amélioration des services médicaux » (qui a lieu à Copenhague la semaine prochaine) la thèse suivante : l’accroissement du degré de transparence dans les services médicaux est inévitable. Cependant, je suis aussi d’accord avec la philosophe Onora O’Neill sur le fait que la transparence ne peut jamais remplacer complètement la confiance. Des exemples répétés d’abus de confiance ont mené à une demande de plus grande responsabilité, et la transparence semble être essentielle pour faire bonne figure. « Les efforts pour contrer les abus de confiance » écrit O’Neill dans son livre A question of trust, « sont gigantesques, implacables et chers : leurs résultats ne sont jamais complètement parfaits. » Elle soutient que, en même temps que la transparence avance, la confiance se réduit, peut-être parce que la volonté de paraître transparent amène les gens dans les faux-fuyants, les demi-vérités, les hypocrisies. Le grand ennemi de la confiance, selon elle, n’est pas le mystère, mais la tromperie et le mensonge. Comme nous le savons tous, la tromperie peut détruire la confiance de la façon la plus dramatique, immédiatement et irrévocablement. La confiance, déclare O’Neill, vient d’un questionnement actif, non d’une acceptation aveugle. Donc ce qui est nécessaire pour accroître la confiance n’est pas un flot continu de renseignements, mais des informations précises, compréhensibles, que l’on puisse interpréter, des informations qui ne se contredisent pas, que l’on peut vérifier. Cette proposition explique pourquoi le « star system » anglais a été si vite discrédité. Mais ce qui est également nécessaire à l’augmentation du degré de confiance est la capacité de « ceux qui doivent faire confiance » à comprendre, interpréter et vérifier l’information. La confiance n’est pas un processus passif, mais bel et bien actif. La transparence devrait, je pense, être utile pour accroître la confiance… Mais elle a besoin d’être développée correctement et d’être constamment accompagnée par le dialogue. ©Richard Smith, éditeur. (
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