Que serait une bonne année 2007, pour l’indépendance de la formation des soignants et la qualité des soins aux patients ? Ce serait une année où les politiques décideraient d’œuvrer vraiment dans l’intérêt général, en accordant aux professionnels de santé les moyens de se former indépendamment, sans le soutien et le financement des firmes pharmaceutiques. Ce serait une année où les professionnels de santé, conscients des manipulations commerciales dont ils sont l’objet, et de leurs influences néfastes sur la qualité des soins, décideraient de prendre eux-mêmes en main leur formation. Une année où,faisant preuve de responsabilité, de dignité et de maturité, ils refuseraient d’être formés, réunis, nourris, logés, animés, détendus par d’autres qu’eux-mêmes. Ce serait une année où les patients-citoyens auraient les moyens de choisir d’être soignés par des professionnels libres, qui pourraient justifier publiquement de leur souci de qualité et des efforts réels pour y arriver. Hélas, à l’aune de ces critères pourtant de bon sens, 2007 ne sera sans doute pas une bonne année pour la qualité des soins. Ce qui aurait pu être une chance pour l’intérêt général et la santé publique, à savoir l’instauration d’une formation continue rigoureuse, indépendante, favorisant une pratique de qualité, est devenu une vaste foire à la promotion pharmaceutique, sans autre loi que celle des intérêts privés et de la santé des actionnaires des firmes. Des pseudo-formations, organisées par des officines financées tout ou partie par les firmes, fleurissent ça et là. La vacuité de leur contenu est dissimulée par des discours ronflants et prétentieux pour impressionner les gogos, à l’image des bateleurs des foires commerciales : «Approchez, chers consoeurs et confrères, avec l’Institut Supérieur Duschmoll, votre formation agréée “Haute Autorité de santé”, garantie gratuite, dans les meilleurs hôtels et en toute indépendance !» Souvent liés à ces intérêts commerciaux, les responsables de la formation médicale en France certifient ces organismes sans vergogne, ou s’apprêtent à le faire. Le Formindep au long de cette nouvelle année s’efforcera d’en mettre au jour certains parmi les plus caricaturaux, voire les plus scandaleux. Le scandale n’étant pas que les firmes utilisent la formation médicale pour promouvoir leur image et leurs produits, mais que des soignants s’y prêtent, vendant leurs compétences, parfois réelles, à ces intérêts. En ce début d’année, par exemple, l’Institut Français de la Démarche Qualité en Santé (IFDQS) promeut, à travers entre autres les cercles Qualidem©, la “qualitique” en santé (sic !): audits variés, cercles de Qualité totale (avec une majuscule s’il vous plaît), certifications en tout genre, citations de leaders d’opinions, qualiticiens et autres penseurs autorisés, concepts abscons empruntés au monde industriel, normes ISO, Afnor, “roue de Deming”, etc.. Rien ne manque pour ce qui est de la qualité de la poudre aux yeux et de l’esbroufe. Voilà de quoi impressionner le médecin de base, ignorant de ces grands mots, juste désireux de faire au mieux pour ses patients. Qu’il se rassure : sur le site de l’IFDQS, pas de projets précis, d’actions concrètes. Mais, au détour d’une page, l’IFDQS révèle tout de même par quels moyens elle prétend faire accéder les médecins à la “Qualité totale”. C’est le président de la firme Sanofi-Aventis, président actuel du Leem (syndicat français des firmes pharmaceutiques) et acteur reconnu de la qualité au service de ses actionnaires, qui apporte la réponse. Pour lui, LE vecteur de la transmission de la qualité aux médecins c’est la “visite médicale” des représentants commerciaux des firmes. La publicité pharmaceutique, garante de la qualité des soins ! Avec la “charte de la visite médicale” et la certification de la visite médicale par la HAS, que le Formindep a dénoncés et continue de combattre, l’IFDQS prend une place de choix dans la mainmise des firmes sur la formation des soignants. Rappelons cette évidence : avant tout grand discours, jargon ou baratin, la qualité se mesure à la clarté des choix éthiques et professionnels, et à la réalité de la pratique médicale qui en découle. L’indépendance de l’information et le refus du mélange des genres sont les préalables indispensables à toute démarche de qualité. Refuser ces choix, en 2007, c’est d’emblée se révéler incompétent pour agir sérieusement et positivement sur la qualité. Les mots ronflants et les avis d’experts n’y changent rien. En 2006 comme en 2007, les actions du Formindep seront déterminées par le souci du seul intérêt des patients, et des moyens éprouvés pour y répondre : des informations et des formations fiables et indépendantes des intérêts industriels et commerciaux. Qualitique, Qualitance, et Qualitation, non merci ! Bonne et simple année à tous, sans frime ni firmes.
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