par Irène Frachon. Postface de Rony Brauman.

Septembre 1997 : un dérivé amphétaminique, le dexfenfluramide, commercialisé sous le nom d’Isoméride° par la firme Servier, est retiré du marché français du fait d’effets indésirables graves : hypertension artérielle pulmonaire et atteintes des valves cardiaques. Cela en même temps que son équivalent, le Pondéral° (fenfluramide), également vendu par Servier.

Novembre 2009 : le benfluorex, commercialisé sous le nom de Mediator° toujours par Servier, est retiré du marché français. L’un des motifs de ce retrait ? Des effets indésirables graves à type d’atteintes des valves cardiaques.

Entre les deux : 12 ans. 12 ans de trop…

Car le benfluorex, c’est plus de deux millions de patients traités depuis 1976, sept millions de boîtes vendues par an et, en 2009, encore 300 000 consommateurs réguliers… Mais il est vrai que le benfluorex est un médicament commercialisé par une firme française, son fondateur régulièrement décoré par les autorités politiques… Un chiffre d’affaires de plusieurs millions d’euros par an…

Et pourtant… pourtant,
- Les molécules ont un métabolite commun : la norfenfluramine, responsable des atteintes valvulaires.
- Des signaux d’alertes existaient depuis 10 ans. Avec un premier cas en France décrit en 99, un autre en Espagne en 2003.

En 2009, le Mediator° n’était plus commercialisé que dans 3 pays européens, l’Espagne l’ayant quant à elle retiré du marché en 2005.
12 ans donc… Et combien cela aurait-il duré s’il n’y avait eu le courage d’un médecin, Irène Frachon, pneumologue spécialiste d’une maladie grave : l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP). Intriguée dès 2006 par les mises en garde de Prescrire, interpellée en 2007 par cette HTAP développée par une patiente ayant consommé du Mediator°, elle se lance dès lors dans un combat scientifique et citoyen qui aboutira en novembre 2009 à l’interdiction du benfluorex en Europe. Elle raconte dans ce court ouvrage qui se lit comme un roman cet ahurissant parcours de véritable « lanceur d’alerte » dans l’intérêt des patients. Elle évoque également les soutiens et surtout les nombreux obstacles rencontrés, bien souvent de la part de ceux que l’on n’attendrait pas. Tant d’obstacles à parcourir dans le seul intérêt des patients, et non celui des firmes… Quid des signaux d’alertes ? Quid des institutions chargées de notre santé ? On découvre dans ce livre comment ces autorités se comportent sur le chemin ardu qu’empruntent ces citoyens, celui de la sécurité sanitaire face aux intérêts financiers.

La marque du lobby pharmaceutique demeure, et le lecteur n’en sera pas dupe en découvrant la balafre infligée à la couverture de ce livre : « Sous-titre censuré ». Mais qu’il se rassure : l’effarante vérité qu’il découvrira au fil des pages reste intacte.

A lire d’urgence !

Post Scriptum :

“Mediator 150mg – Sous-titre censuré”
- par Irène Frachon
- Postface de Rony Brauman
- Editions-dialogues.fr – Juin 2010
- 15 euros – 150 pages – broché
- ISBN : 978-2-918135-17-3