« J’étais mercredi 16 mars au salon du MEDEC à Paris, qui se veut être le salon de la médecine, pour assister à une “formation” sur la maladie d’Alzheimer. Bien sûr je ne suis pas médecin. Mais il se trouve que papa a été diagnostiqué comme ayant cette maladie. Depuis mi-2003 j’ai donc eu l’occasion de m’y intéresser à tel point que j’ai créé une association pour essayer d’apporter aux personnes qui en sont atteintes et à leurs aidants le maximum de « bientraitance » possible. J’ai déjà participé à pas mal de formations, colloques et lu pas mal de livres sur le sujet. J’ai même fait un stage dans une maison de retraite où j’ai pu tester mes théories et les mettre en pratique. Je ne suis pourtant pas un expert médical, mais j’ai essayé surtout de comprendre ce qu’il se passait pour les personnes atteintes et leurs aidants. Cette formation au MEDEC était destinée aux généralistes et gériatres et grassement sponsorisée par les firmes NOVARTIS et JANSSEN-CILAG. Je reste abasourdi par ce que j’ai pu y entendre. La réponse principale à cette pathologie est la chimiothérapie, alors que lorsque l’on approche au quotidien les personnes qui en sont atteintes on s’aperçoit que c’est l’accompagnement psychologique qui fait essentiellement la différence entre une personne qui va le vivre “bien” et une personne que l’on va entraîner dans la maladie. Il nous a été présenté des tas de cas et d’études faites pour savoir d’où provenait cette maladie sans que le contexte psychologique soit jamais pris en compte et pour finir par conclure qu’aucune étude n’aboutit à un résultat fiable. Aucune étude à ce jour sur la validité des médicaments n’est capable de prouver leur effet bénéfique et les résultats qui sont donnés ne prennent en compte à aucun moment l’effet psychologique que représente le fait de prendre un médicament notamment pour les aidants. La maladie est dite incurable, mais pour les aidants, le fait que la personne prenne un médicament à un effet psychologique immense, puisque s’il y a prise de médicament, cela revient au fait que l’incurabilité diminue, ce qui change la façon de considérer les personnes qui prennent ces médicaments pour l’entourage. On s’aperçoit aussi qu’un bon accompagnement, sans chimiothérapie, est beaucoup plus profitable. Mais pardon, j’oubliais l’ampleur du marché en évolution constante ! Alors à quoi bon faire en sorte de former les médecins à l’approche psychologique de la maladie, à quoi bon former les aidants ou les soignants ? Il est tellement plus simple de former à faire prendre des médicaments dont on ne sait pas quel est réellement l’effet sur la maladie !!! Et le pire, c’est que cette formation va être couchée sur le papier pour que toutes les personnes qui font parties de la fédération de gérontologie en “bénéficient” ! J’espère que ce sont les firmes qui paient la diffusion de ces informations et non les cotisations de ceux qui sont désinformés. Excusez-moi d’avoir été long et peut-être trop vindicatif, mais je me dis qu’il y a encore bien trop de personnes âgées que l’on va entraîner vers la démence, alors qu’ils n’ont que des troubles cognitivo-mnésiques. Sans parler du fait qu’il est prétendu que ces personnes atteintes sont agressives et qu’il arrive un moment où il vaut mieux les “neuroleptiser” plutôt que de comprendre d’où vient le problème et ainsi les aider à rester des personnes adorables qui au contraire de ce qui est dit sont prêtes à donner des quantités d’amour. Merci au Formindep d’exister et j’espère que celui-ci saura prendre en compte les aspects psychologiques dans les formations qu’il validera. » Jean-Jacques Schwer _
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