Voici le texte d’un article signé de Yves Mamou, paru dans Le Monde du 12 avril 2008 daté du 13 : |
L’impact des visiteurs médicaux sur les dépenses de santé est limité
«Les laboratoires pharmaceutiques, qui dépensent 3 milliards d’euros par an pour promouvoir leurs produits auprès de 25 000 médecins, subissent régulièrement les foudres des corps de contrôle de l’Etat et de la Sécurité sociale pour ces visites médicales. Une étude menée par Cegedim, leader mondial des bases de données médicales, auprès d’un panel de 1000 médecins, a tenté d’analyser la pression exercée par les laboratoires sur la prescription médicale. L’étude révèle que cette pression tend à se réduire : entre 2005 et 2007, le nombre de visites médicales a chuté de 10 %. Les pratiques des médecins vis-à-vis de la visite médicale vont du simple au décuple : un quart du panel limite le nombre de visites médicales à 54 par an, tandis qu’un peu plus de 15 % en reçoit 10 fois plus. Un médecin sur deux reçoit entre 5 et 10 visiteurs médicaux par semaine. Plus le médecin est ouvert à la visite médicale, plus son éventail thérapeutique sera large : 360 médicaments distincts prescrits sur trois mois, contre 311 pour le médecin qui aura choisi de restreindre ses contacts avec les visiteurs médicaux. Cette capacité à prescrire plus large des uns est corrigée par le fait qu’ils ne prescrivent pas plus : quel que soit le médecin ou la maladie, ” le nombre de médicaments prescrits par patient ne dépasse pas en moyenne 3,5 produits par ordonnance “, note Jean-Claude Labrune, PDG de Cegedim. Mais plus le médecin ouvre sa porte aux visiteurs médicaux, plus il prescrit des ” produits plus modernes “, pas ” génériqués ” et plus coûteux pour la Sécurité sociale. En cardiologie, un médecin ouvert aux visiteurs médicaux prescrira 57 % de médicaments commercialisés après 2001, contre 52,4 % pour un confrère moins ouvert. Le surcroît de dépenses engendré par les médecins ouverts aux visiteurs reste toutefois limité : le coût moyen de l’ordonnance par patient est d’environ 31,1 euros pour le médecin à 54 visites médicales par an. Mais plus de la moitié des médecins reçoivent entre 250 et 584 visites médicales par an : le prix moyen de l’ordonnance est alors de 35,1 euros par patient.»| Cet article a fait l’objet d’une discussion animée sur la liste de diffusion du Formindep. Cette discussion a abouti à la rédaction d’un article de même valeur informative, mais sur un autre thème, que nous proposons à notre tour au journal le Monde :
L’impact de la torture sur l’obtention d’aveux est limité
«Les militaires américains, qui dépensent 3 milliards d’euros par an pour lutter contre le terrorisme, subissent régulièrement les foudres des associations de défense des droits de l’homme du fait de leur usage de la torture. Une étude menée par la CIA, leader mondial de la lutte contre le terrorisme, auprès d’un panel de 1000 militaires américains, a tenté d’analyser la pression exercée par la torture sur les aveux. L’étude révèle que cette pression tend à se réduire : entre 2005 et 2007, le nombre de séances de torture a chuté de 10 %. Les comportements des militaires vis-à-vis de la torture vont du simple au décuple : un quart du panel limite le nombre de séances par prisonnier à 54 par an, tandis qu’un peu plus de 15 % en pratique 10 fois plus. Un prisonnier sur deux est torturé entre 5 et 10 fois par semaine. Plus le militaire est favorable à la torture, plus son inventivité sera large : 360 supplices distincts utilisés sur trois mois, contre 311 pour un militaire qui aura choisi de restreindre les séances de torture. Cette capacité à varier les techniques des uns est corrigée par le fait qu’ils ne générent pas plus de douleur : quel que soit le militaire ou le prisonnier, ” le nombre de procédés de torture utilisé par prisonnier ne dépasse pas en moyenne 3,5 par séance “, note Jean-Claude Labaignoire, directeur de la CIA. Mais plus le militaire pratique la torture, plus il utilise des “supplices plus modernes “, pas “banals ” et plus coûteux pour l’armée. A Guantanamo, un militaire ouvert à la torture utilisera 57 % de supplices inventés après 2001, contre 52,4 % pour un militaire moins ouvert. Le surcroît d’aveux obtenus par les militaires ouverts à la torture reste toutefois limité : le nombre moyen de renseignements obtenu sous la torture et par séance et par prisonnier est d’environ 31 pour le militaire à 54 séances de torture par prisonnier et par an. Mais plus de la moitié des militaires pratiquent entre 250 et 584 séances de torture par an : le nombre de renseignements obtenus est alors de 35,1 par prisonnier. Yves Gobtout»
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