Les nouvelles recommandations de l’AAP, American Academy of Pediatrics, ont “atterré” les éditorialistes du New York Times ce 10 juillet 2008. Et ils ne sont pas les seuls. Nombreuses sont les voix, ailleurs qu’en France, qui s’élèvent pour dénoncer cette nouvelle dérive médicopharmaceutique vers le Pharmaguédon. Devant la recrudescence d’obésité et le risque cardiovasculaire que cela entraîne voilà que les pédiatres états-uniens révisent leurs précédentes recommandations de 1998 pour la prise en charge du cholestérol de l’enfant. Dans la publication du 1er juillet 2008 de la revue Pediatrics , les auteurs recommandent le dépistage et la surveillance du taux de cholestérol à partir de l’âge de 2 ans (je dis : deux ans), et le traitement médicamenteux par statines à partir de l’âge de 8 ans (je dis : huit ans). Le Formindep ne se basant que sur des faits, et afin que chacun puisse se faire une idée par lui-même, voici une traduction du résumé de l’article qui peut être consulté en anglais là : -* «1 – Du point de vue de la santé communautaire, une alimentation bénéfique à la santé est recommandée pour tous les enfants de plus de deux ans, conforme aux “Dietary Guidelines for Americans”. L’utilisation de produits laitiers allégés en matière grasse est préconisée. Pour les enfants entre 12 mois et 2 ans pour qui le surpoids ou l’obésité constituent une préoccupation, ou qui ont des antécédents familiaux d’obésité, de dyslipidémie ou de maladie cardiovasculaire, l’utilisation de lait écrémé est recommandée. -* 2 – Du point de vue de la santé individuelle, les enfants et les adolescents ayant un risque important de maladie cardiovasculaire et un taux élevé de LDL-cholestérol justifient l’instauration de modifications diététiques, de conseils nutritionnels, et d’autres interventions sur le mode de vie, telles que l’augmentation de l’activité physique. -* 3 – Il est maintenant recommandé de dépister les enfants et les adolescents ayant des antécédents familiaux de dyslipidémie, de maladie cardiovasculaire ou de dyslipidémie précoces (moins de 55 ans chez l’homme, moins de 65 ans chez la femme). Il est également recommandé que les enfants dont les antécédents familiaux sont inconnus ou ceux ayant d’autres facteurs de risque cardiovasculaire, tels que le surpoids (indice de masse corporelle compris entre le 85ème et le 95ème percentiles), l’obésité (IMC supérieur au 95ème percentile), l’hypertension (pression artérielle supérieure au 95ème percentile), le tabagisme, le diabète, fassent l’objet d’un dosage à jeun de leur profil lipidique . -* 4 – Pour ces enfants, le premier dosage doit avoir lieu dès l’âge de 2 ans et en tout cas avant 10 ans. Un dosage avant 2 ans n’est pas recommandé. -* 5 – Le dosage à jeun du profil lipidique est l’attitude recommandée pour le dépistage, car il n’existe pas de méthode non invasive pour évaluer la maladie athéromateuse chez les enfants. Ce dépistage doit être réalisé dans le contexte des consultations médicales de routine de protection infantile. Si les résultats du bilan initial sont compris dans les valeurs normales de référence, le bilan doit être refait dans un délai de 3 à 5 ans. -* 6 – Pour les enfants en surpoids ou obèses, avec un taux élevé de triglycérides ou un taux bas de HDL-cholestérol, le premier traitement à entreprendre est celui de la gestion du poids, qui consiste en une amélioration de l’alimentation, des conseils diététiques, et une augmentation de l’activité physique afin d’améliorer la balance énergétique. -* 7 – Pour les enfants de plus de 8 ans, avec un taux de LDL-cholestérol supérieur à 190 mg/dl (ou supérieur à 160 mg/dl s’il existe des antécédents familiaux de maladie cardiaque précoce, ou en présence d’au moins 2 facteurs de risque, ou supérieur à 130 mg/dl en cas de diabète), une intervention médicamenteuse doit être envisagée. L’objectif est d’abaisser le taux de LDL-cholestérol en dessous de 160 mg/dl. Néanmoins, des cibles de 130 mg/dl, voire de 110 mg/dl sont justifiées en cas d’antécédents familiaux graves de maladie cardiovasculaire, particulièrement s’il existe d’autres facteurs de risque tels que l’obésité, le diabète, le syndrome métabolique, ou tout autre situation à risque élevé.» Parions que les prochaines recommandations en 2018 de l’Académie américaine de pédiatrie préconiseront le dosage intra-utérin du profil lipidique foetal et l’incorporation des statines dans les laits artificiels, voire dans l’eau du robinet ou le sel de table. L’imagination de certains médecins au service des intérêts des actionnaires des firmes pharmaceutiques et agro-alimentaires est décidément sans limite.
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