[ [“Indépendance de l’expertise : la Haute Autorité de Santé tient ses engagements”. Communiqué de presse de la HAS du 19 septembre 2011.]] De plus, comme je l’ai démontré dans
ma thèse, ces recommandations de la HAS étaient scientifiquement biaisées, conséquence directe des influences industrielles. En décidant de revoir ainsi ses productions, la HAS semblait prendre acte de l’importance de cette question éthique majeure que représente une information médicale libérée de conflits d’intérêts industriels. C’est dans ce contexte qu’étaient attendues en cette fin d’année 2011, la
réévaluation des médicaments anti-Alzheimer par la Commission de la Transparence, puis la nouvelle recommandation de la HAS sur la maladie d’Alzheimer. Si la
Commission de la Transparence n’a finalement pas conclu à un Service Médical Rendu (SMR) insuffisant des médicaments anti-Alzheimer, qui aurait pu conduire à leur déremboursement et in fine à l’arrêt de leur prescription, l’argumentaire du rapport, reposant pour l’essentiel sur l’analyse de
Philippe Nicot, expose sans ambiguïté et preuves à l’appui, leur absence de bénéfices cliniques tangibles, pour une toxicité démontrée et largement sous-estimée [[- Nicot P. Médicaments indiqués en traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer. Première partie : données d’efficacité. Médecine 2011 ; 7 (8) : 352-6. – Nicot P. Médicaments indiqués en traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer. Deuxième partie : effets indésirables. Médecine 2011 ; 7 (10) : 453-8.]]. En toute logique, la nouvelle recommandation de la HAS devait tenir compte de ce rapport, comme annoncé dans son
communiqué de presse du 16 décembre 2011. Mais à la lecture de cette “
production“, la question immédiate qui vient à l’esprit est : la HAS se paie-t-elle la tête du
Formindep, des soignants, et plus grave encore des patients ? La première recommandation, celle de 2008, a été retirée, certes… Mais,
comme le démontre l’analyse détaillée réalisée par Philippe Masquelier publiée ce jour sur notre site, c’est pour mieux revenir en 2011 sous la même forme, avec la même clémence à l’égard des médicaments anti-Alzheimer, et sans un mot du nouvel avis de la Commission de la Transparence !
[ Haute Autorité de Santé. [Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : diagnostic et prise en charge. Recommandation pour la pratique clinique. HAS 2011. 49 pages.]] Même si des mots ont été changés par-ci par-là, la mouture 2011 n’apparaît être qu’
un copié-collé de la version 2008 ! Mais l’astuce qui permet à la HAS de se refaire une virginité à moindres frais sur l’autel de la bonne conscience et de l’éthique médicale, est un groupe de travail 2011 qualifié d”indépendant”. La belle affaire…
La HAS va-t-elle se comporter ainsi pour la nouvelle recommandation sur le diabète de type 2 ? Et pour toutes les autres recommandations “provisoirement suspendues » ? La HAS va-t-elle tenter de redorer son blason au nez et à la barbe de tous, grâce à la constitution de “groupes de travail” élaborés à partir de “prête-noms” sans liens d’intérêts majeurs apparents, faux-nez permettant de conserver et de blanchir des contenus scientifiques biaisés écrits par les anciens groupes aux conflits d’intérêts patents ? A travers cette instrumentalisation de l’indépendance de l’expertise pour blanchir une recommandation altérée par des influences commerciales non maîtrisées, la HAS confirme qu’elle n’a, hélas, toujours rien compris à l’importance de l’indépendance de l’information médicale. Fournir des données indépendantes pour soigner à l’abri des influences des firmes pharmaceutiques n’est pas un jeu de l’esprit. C’est prendre les moyens de se protéger d’un vrai risque sanitaire, mesurable sur des critères de morbidité et de mortalité. Un risque sanitaire, comme l’est le tabagisme pour le cancer, l’hygiène pour les infections hospitalières, la vitesse ou l’alcool pour les accidents de la route, etc. La HAS, en se moquant aussi ouvertement de cette question de l’indépendance des décisions, méprise les soignants et les patients, joue avec la santé des populations, et continue à servir des intérêts autres que ceux de la santé publique. Le
Formindep condamne vivement cette attitude et continuera sans désemparer son action pour la contrer.
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