Concernant la mise en place de l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP), l’article publié sur le site du Formindep le 4 septembre 2005 intitulé : “Qui gère la formation continue et l’évaluation des pratiques des médecins en France ?” faisait déjà, hélas, le bon constat. Sans nous prononcer ici sur la forme et la pertinence de ces évaluations, sur lesquelles il y aurait beaucoup à redire, il nous faut confirmer ce constat que les moyens, en particulier financiers, ne sont pas pris pour s’assurer de l’indépendance de ces évaluations vis-à-vis des firmes. Cette EPP n’est pas financée. Le financement incombera donc aux organismes habilités et aux médecins qui seront évalués. Dans ce nouveau “marché” de l’évaluation qui s’ouvre, quels seront les critères de choix des médecins ? On peut penser qu’ils auront naturellement tendance à choisir l’évaluation la moins contraignante possible, et la moins chère également. On peut donc craindre que c’est vers une course à la qualité vers le bas que risquent de s’orienter les organismes accrédités, se contentant de proposer le strict minimum pour satisfaire aux critères d’accréditation, voire de tenter de détourner les critères, pour les moins scrupuleux d’entre eux. Quand on commence à visiter les sites des premiers organismes accrédités, le discours sous-jacent est bien celui-là : « c’est facile, peu contraignant, ça ne bousculera pas votre fonctionnement, etc… ». Du point de vue du financement, on peut craindre la même chose. Les organismes évaluateurs auront intérêt à proposer le coût le plus faible possible. La logique pragmatique et de “réalité” qu’ils prétendent poursuivre risque de les amener à chercher des financements extérieurs pour abaisser le coût demandé aux participants. Or on sait d’où viendront ces financements : des firmes pharmaceutiques . En effet, la politique des firmes de diversification actuelle des actions de promotion envers les médecins les rend de plus en plus disponibles pour financer de telles initiatives, et le financement de l’EPP par les fonds publics est (délibérément ?) absent. Du point de vue de l’indépendance de l’EPP vis-à-vis des firmes, on ne peut donc nourrir les plus grandes inquiétudes ; et déplorer que, une fois de plus, la Haute Autorité de santé faillit à sa mission de garante de l’indépendance et de la qualité de l’information et de la formation délivrées. Dans ce contexte, il semble important que les médecins qui, comme ceux du Formindep, savent le lien qu’il y a entre indépendance de la formation et qualité de la formation et des soins, puissent avoir en main les éléments de transparence nécessaires pour choisir, dans ce nouveau marché de l’EPP qui s’ouvre, les organismes indépendants qui pourraient exister ou, à défaut, ceux qui mettraient en place le plus de garanties pour une certaine protection de l’influence des firmes. C’est dans ce contexte que la campagne que le Formindep s’apprête à lancer, intitulée “Pas de déclaration de conflits d’intérêt ?… Pas d’intérêt !” prend toute sa valeur. Cette campagne pourrait aller jusqu’à appeler au boycott des formations et des organismes de formation qui ne pratiqueraient pas l’indispensable transparence nécessaire aux choix éclairés des professionnels soucieux de qualité. A suivre…
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