Se tourner vers des sources fiables
L’analyse de la littérature scientifique permet d’approcher l’état des connaissances sur un sujet donné à la condition que l’on garde à l’esprit son degré de dépendance aux firmes pharmaceutiques et les biais qui en résultent. Cependant l’interprétation des essais thérapeutiques nécessite une méthodologie qui n’est pas maîtrisée par tous et requiert un temps considérable, ce qui ne permet pas de l’appliquer dans toutes les situations cliniques auxquelles les professionnels sont confrontés.
Ce nécessaire travail de synthèse est proposé par de nombreuses organisations. Mais attention ! Certaines n’ont que l’apparence de l’impartialité.
- Les sociétés savantes : la plus grande méfiance est de mise face à leurs recommandations, d’un niveau de preuve souvent faible, car reposant sur de simples avis d’experts. Les sociétés savantes sont financées très majoritairement par les firmes pharmaceutiques, via du sponsoring, des contrats, les bénéfices des congrès. Les rédacteurs des recommandations présentent à titre individuel des liens généralement importants et nombreux, qui évoluent parallèlement aux parts de marché des firmes dans la pathologie étudiée. Nombreux sont les rédacteurs consultants ou porte-parole pour l’industrie.
Voir nos articles évoquant INCa, AFEF, Sociétés de cardiologie
- La Haute Autorité de Santé (HAS). Elle édite de nombreux documents : recommandations de bonnes pratiques, guides des maladies chroniques, fiches de bon usage des médicaments, évaluation des stratégies thérapeutiques. Si la HAS fait de réels efforts dans la recherche d’une expertise indépendante aujourd’hui, de nombreux documents ont été rédigés sans gestion des conflits d’intérêts et leur qualité est très inégale (Le Conseil d’Etat abroge la recommandation de la HAS sur le diabète de type 2),1)Bilan de sept années d’analyse des guides de pratique clinique de la HAS. Rev Prescrire 2014 ; 34 (373) : 869.
Voir nos articles avec le mot-clef recommandations de l’HAS, HAS et la catégorie recommandations professionnelles
Il est préférable de se tourner vers les sources d’informations suivantes :
- La revue Prescrire : mensuel publiant des synthèses sur les médicaments et les stratégies diagnostiques et thérapeutiques. Son indépendance et sa rigueur en font un outil de référence pour tout professionnel de santé.
http://www.prescrire.org
- La collaboration Cochrane est un réseau international de chercheurs qui élabore selon une méthodologie rigoureuse des revues systématiques et des méta-analyses dans tous les champs de la médecine, sans financement par les firmes pharmaceutiques. http://www.thecochranelibrary.com
- La revue Minerva est une revue d’ evidence based medicine en ligne, indépendante des firmes pharmaceutique et financée par l’Institut national d’assurance maladie invalidité belge. http://www.minerva-ebm.be
- La revue Pratiques, les cahiers de la médecine utopique est une revue de réflexion multidisciplinaire sur les déterminants du soin et de la santé. pratiques.fr
- Le site du Dr Dominique Dupagne, Atoute.org, qui offre notamment des forums et des articles de qualité.
Nous avons sélectionné pour les praticiens et les patients d’autres liens de qualité que vous pouvez consulter dans les onglets suivants :
Se former à l’indépendance et ne pas rester isolé
Faire évoluer ses pratiques en les libérant des influences nocives est une démarche difficile si elle reste solitaire. Il est important pour ceux qui s’y engagent de trouver un soutien au sein d’un collectif. Au niveau local, la création d’un groupe de pairs permet de mutualiser ses connaissances et de confronter ses expériences et ses pratiques.
A plus grande échelle il est possible de recevoir un soutien individuel ou théorique auprès des organisations qui ont développé une expertise sur les conflits d’intérêts : le Formindep, l’AMSA, No Free Lunch, et les journaux publiant de nombreuses études sur le sujet comme le BMJ (British Medical Journal) ou PLOS ONE.
References
↑1 | Bilan de sept années d’analyse des guides de pratique clinique de la HAS. Rev Prescrire 2014 ; 34 (373) : 869 |
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