Le 9e Congrès de la Médecine Générale France se tiendra Porte Maillot à Paris les 26, 27 et 28 Mars 2015. Il est organisé par le Collège de la Médecine Générale, qui n’hésite pas à multiplier les sponsors (pudiquement appelés « partenaires »), transformant une réunion à vocation scientifique en véritable foire commerciale.

En 2012, le sponsoring de Coca Cola et Mac Donald avait conduit une organisation citoyenne informelle, Le Mouvement de Désaliénation des médecins, à manifester par l’humour sa désapprobation, à l’entrée même du congrès. Pour toute défense, les organisateurs du congrès répondaient, avec un humour involontaire cette fois, que cela permettait de réduire le coût de l’inscription des médecins nécessiteux, et que Mac Donald faisait beaucoup d’efforts en termes de nutrition. Force est de constater que 3 ans plus tard, rien n’a changé. Le site du congrès recense ainsi pas moins de 59 partenaires qui se répartissent ainsi : Édition: 18 Informatique: 12 Firmes pharmaceutiques et de matériel médical: 11 Firmes agroalimentaires et cosmétiques: 5, dont une nouvelle fois Mac Donald. Assurances: 5 Thermalisme: 2 Association de Formation médicale continue: 1 Association de patients: 1 Concrètement, ces partenariats se matérialisent par des symposia, multiples conférences faisant la promotion plus ou moins explicite des produits maison, au sein même du congrès. Les sociétés louent des stands dans un espace commercial que l’on pourrait qualifier de « salon de la médecine générale », dans lequel les médecins sont invités à profiter de l’hospitalité des firmes lors de cocktails renouvelés à chaque pause. Au milieu de cette nuée de sponsors commerciaux figurent, presque discrètement, plusieurs agences publiques de santé: L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé), la HAS (Haute Autorité de Santé), L’INPES (Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé) et l’INCa (Institut National du Cancer). Des institutions dont la raison d’être est d’apporter une expertise indépendante en matière de santé publique. La loi 2011-2012 du 29 décembre 2011, dite loi Bertrand, devait définir les conditions permettant de s’assurer de cette indépendance. Las, le décret d’application instaurant la charte de l’expertise laisse le soin à chacune de ces institutions de définir ce qui pour elle constitue un conflit d’intérêts. Le Conseil d’État a rejeté notre requête en annulation de ce décret, arguant qu’il ne faisait pas obstacle à une décision impartiale de ces institutions. Il appartient donc à chacune de ces agences de choisir où placer le curseur de son indépendance. Leur partenariat avec des firmes, au sein de grandes foires commerciales telles que ce congrès, semble indiquer que le curseur ne sera pas placé très haut.