Certification de la visite médicale des firmes : Illusion et collusion
Le référentiel de certification de la visite médicale par la Haute Autorité de santé (HAS) vient de paraître . Ce document de trente-sept pages inaugure une nouvelle ère de la communication commerciale : la publicité certifiée par les autorités sanitaires et scientifiques. Trente-sept pages de poudre aux yeux qui n’engagent que ceux qui sont assez naïfs ou mal formés pour les croire. Trente-sept pages de déclarations et de promesses verbales, à la manière du fameux sketch de Francis Blanche et Pierre Dac, le Sar Rabindranath Duval :
La HAS : « Vos Sérénités, pouvez-vous prouver la qualité scientifique de votre information ? ».
Les firmes pharmaceutiques : « Oui ! ».
La HAS : « Vous pouvez le prouver ? ! ».
Les firmes : « OUI !! ».
La HAS : « Elles peuvent le prouver ! Elles sont extraordinaires, vraiment sensationnelles !… Mesdames et messieurs de l’assistance publique, la HAS certifie la qualité scientifique de la publicité des firmes pharmaceutiques ! ».
Ce qui fait rire aux éclats de la part de grands humoristes, consterne et scandalise venant d’autorités sanitaires théoriquement au service de la santé publique.
Du point de vue des marchands de médicaments, la nouvelle est excellente. Ce référentiel, après la Charte de la visite médicale, constitue un élément essentiel de la crédibilité de leur publicité auprès de professionnels de santé naïfs ou mal formés. Les firmes peuvent désormais présenter des documents promotionnels et distribuer des prospectus estampillés « visite médicale certifiée par la HAS ». Et certaines ne s’en privent déjà pas. Les trop nombreux médecins enclins à prendre la publicité pour de l’information y sont maintenant incités par la HAS et, ainsi, à prescrire davantage et plus mal.
Du point de vue de la Haute Autorité de santé, tout s’arrange. Cherchant à pallier lamentablement son absence de moyens et de réflexion éthique, elle peut s’appuyer maintenant sur des firmes certifiées pour mener à bien son scandaleux projet de diffusion de ses recommandations par des réseaux publicitaires devenus recommandables par complaisance.
Du point de vue de la santé des populations, la nouvelle est dramatique. Crédibiliser la publicité des firmes, c’est augmenter les prescriptions inappropriées, accroître le déficit de l’assurance-maladie solidaire et précipiter sa fin pour la livrer aux intérêts privés ; c’est augmenter les risques d’effets indésirables médicamenteux pour les patients, au risque d’en tuer certains ; c’est discréditer encore davantage le système de santé et ses acteurs.
La HAS, organisme soi-disant indépendant, se place, là encore, clairement du côté de l’intérêt des firmes. Elle continue à forger, progressivement, les outils de son discrédit aux yeux de la population et des professionnels attachés à la qualité des soins. Pour ceux-là, une seule solution : fermer leur porte à la visite médicale conjointe de la HAS et des firmes, et se former à partir de sources d’informations scientifiques, fiables et indépendantes d’intérêts privés.
Signé : Le Formindep
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