Cancer Rose a récemment publié un article concernant le futur plan cancer. Celui-ci entrera bientôt en application, donnant le cadre des politiques de santé dans ce domaine pour les dix années à venir. Le collectif s’interroge sur bien des points et notamment sur les liens avec les industriels du médicament : nous reproduisons le passage en question ci-dessous. Vous trouverez sur leur site d’autres contributions en complément sur ce sujet que nous invitons à consulter.
Extrait de l’article du Dr Marc Goumelon : INCA, une consultation citoyenne, pourquoi ? 15/12/2020.
Un plan cancer élaboré sous l’égide des industriels
Ce qui frappe d’emblée, dans les deux documents de presse, outre les moyens mis en œuvre, c’est la place que les « lobbys » du cancer ont prise dans le groupe prospectif qui a élaboré auprès du Pr IFRAH, les 220 propositions. (Voir l’annexe 3 du dossier de presse de 29 pages) [1] Dans ce petit groupe de 24 personnes, on trouve le représentant des entreprises du médicament Mr Eric Baseilhac. Il s’agit du directeur des affaires économiques. [2]
Que vient faire un directeur des affaires économiques du syndicat des industriels du médicament dans un groupe chargé d’élaborer la future politique publique pour le cancer dans 10 prochaines années ?
Pour les participants, une recherche sur Eurofordocs [3] donnent des résultats très intéressants. Ainsi il suffit la présence de 3 professeurs de médecine seulement pour atteindre un montant de près de 500000 euros d’argent versé par l’industrie, et de plus de 400 contrats sans montants déclarés mais que l’on peut imaginer comme « importants ». Il est à noter, par ailleurs que nulle-part ne sont indiqués les liens d’intérêt des membres du « groupe prospectif » de l’INCA.
Un autre élément attire notre attention en fin (page 5) du dossier presse réduit[4]
Contacts presse : PRPA; Danielle Maloubier –Elisa Ohnheiser
Le contact presse de cette consultation citoyenne est une agence de communication privée dont les clients sont certes des institutions mais aussi le syndicat des industriels du médicament LEEM et nombre de laboratoires pharmaceutiques dont les plus grands. [5] C’est un mélange des genres entre intérêts privés et publics qui ne manque pas d’étonner encore une fois, surtout dans l’élaboration d’un plan cancer décennal national.
On peut donc raisonnablement s’interroger sur le fait de savoir si ce sont les intérêts privés qui guident ce futur plan en lieu et place des intérêts publics.
Tout à fait d’accord avec Marc. L’intérêt de l’être humain semble absent. Tout comme dans les objectifs du Leem qui sont (je cite):
“Le Leem est au cœur des enjeux de l’industrie du médicament. Interlocuteur des décideurs politiques, le Leem se veut force de propositions pour promouvoir l’attractivité industrielle de la France et conduire une politique de santé axée sur les besoins des patients qui tienne à la fois compte du retour des innovations thérapeutiques et de l’objectif de maîtrise des dépenses de santé ”
C’est avec des arguments identiques que les industriels ont imposé l’addition de plomb tetraethyle, poison mortel, dans l’essence dès 1923 à Indianapolis, puis sur toute la planète pendant près d’un siècle, les “besoins” des automobilistes étant, selon eux ” la puissance, la vitesse, et l’économie d’essence” selon les pubs de l’époque pour l’essence “ethyl”, le mot plomb ayant été volontairement occulté pour ne pas freiner les ventes.
Dans la même ligne d’action, le Leem siège au CEPS, organe fixant le prix des medicaments remboursés par la sécu, et oü ne siège aucun médecin.
Le moment me paraît venu de faire cesser la confusion entre “innovation”, intérêt industriel et intérêt de l’être humain, confusion qui semble régner à tous les niveaux depuis deux siècles.