Les recommandations du calendrier vaccinal sont de vacciner la population âgée de plus de 65 ans contre la grippe chaque année. Différents vaccins sont disponibles sur le marché et aucun n’est recommandé en priorité par les autorités sanitaires.
Depuis maintenant 4 ans, les principales sociétés de gériatrie recommandent de vacciner la population âgée de plus de 65 ans avec un vaccin anti grippal en particulier : Efluelda, commercialisé par la société SANOFI. Selon ces sociétés, l’efficacité de ce vaccin serait supérieure aux vaccins habituels. Ce n’est pourtant pas l’avis de différentes institutions indépendantes [1] dont la commission de la Transparence de la HAS qui l’a classé ASMR V, ainsi que de la Revue Prescrire (N° 447 de janvier 2021). La France a d’ailleurs refusé de payer plus cher ce vaccin par rapport aux autres vaccins anti grippaux, n’étant pas convaincue par la différence d’efficacité. La Société SANOFI a d’ailleurs à cette occasion usé de la menace de retrait de cette spécialité du marché.
La vaccination est un sujet important, il est donc nécessaire d’être intransigeant sur la méthode d’élaboration des recommandations. Raison pour laquelle le Formindep s’est penché sur cette recommandation des sociétés de gériatrie…
Nous avons été étonnés de constater que ces sociétés ne donnent, à l’occasion de leur recommandation, aucune information sur leurs liens avec les entreprises pharmaceutiques, ni sur leur communiqué, ni sur leurs sites internet.
Pourtant, il s’agit d’une information indispensable pour que le lecteur puisse se faire une opinion correcte des informations transmises ; mais il s’agit également d’une information obligatoire. Tout médecin doit annoncer les liens qu’il a avec ladite entreprise lorsqu’il s’exprime sur un produit qu’elle commercialise (art. L4113-13 et art. R4113-110 du Code de Santé Publique). Il s’agit d’une obligation légale.
Le Formindep, avec l’aide précieuse d’eurosfordocs, s’est penché sur la base de donnée Transparence-Santé. Dans la mesure où le nom des personnes ayant collaborées pour cette recommandation n’apparait pas dans les documents mis à disposition, nous avons examiné les liens des membres des conseils d’administration, des membres des conseils scientifiques et des membres des bureaux des trois sociétés suivantes ainsi que les associations, syndicats, fédérations ou collèges les composant, en tant que personnes morales :
- Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG)
- Collège National des Enseignants en Gériatrie (CNEG)
- Conseil national professionnel de gériatrie (CNP)
Et les résultats sont intéressants…
Au total, depuis 2019, l’ensemble a bénéficié, sous forme d’avantages, de conventions, ou de contrats divers, de 2 925 374 € de la part de l’industrie de la santé dont 489 189 € de la part de Sanofi, commercialisant le vaccin en question.
En détails, concernant les liens avec Sanofi :
- Les médecins membres ont bénéficié au total de 133 273 €..
- Les personnes morales ont bénéficié de 355 916 € ; deux associations ont reçu plus de 10 000€ : Société de Gérontologie et de Gériatrie de la Région Picarde (13 268€) et Journées annuelles de la SFGG (325 594€).
Les journées annuelles de la SFGG sont le congrès des gériatres. Sanofi a été l’entreprise ayant le plus versé d’argent sur les 5 dernières années.
Cela ouvre la porte à quelques réflexions :
- des études ont montré que les largesses des entreprises ne pouvaient pas exclure une forme d’influence; il est d’autant plus important que ces liens soient publics et déclarés (c’est l’occasion de relire le Livret de la Troupe du RIRE),
- Pourquoi ces liens n’ont-ils pas été déclarés à l’occasion de la publication des recommandations ?
- Que fait le Conseil de l’Ordre des médecins ? Il est censé s’assurer de la conformité déontologique des conventions signées entre industrie et médecins, et du respect de la déclaration des liens avec l’industrie lors d’une communication (art. L4113-13 et art. R4113-110 du Code de Santé Publique)
Les résultats de cette enquête soulèvent des interrogations légitimes sur l’influence potentielle de ces liens financiers sur les recommandations médicales. Plus encore, le non-respect de l’obligation légale de déclarer ces liens suscite des inquiétudes quant à la transparence dans le domaine médical.
Il est impératif de souligner que le Formindep ne remet pas en question l’importance de la vaccination antigrippale. Au contraire, cette analyse met en avant la nécessité de garantir que les recommandations médicales reposent sur des bases objectives et dépourvues de conflits d’intérêts. La confiance du public envers les institutions médicales dépend de la transparence et de l’intégrité, et c’est cette dimension éthique qui est au cœur des préoccupations soulevées par le Formindep.
Ce sont quand même des sommes énormes – ça fait le lit des complotistes et antivax de recommander un vaccin n’apportant aucun progrès ( has et revue prescrire)