Il s'agit d'un document rare que le témoignage de ce médecin hospitalier sur la réalité de la présence des firmes pharmaceutiques à l'hôpital. Document rare mais rapportant des pratiques pourtant banales, diffuses, universelles. La plupart des médecins ou étudiants hospitaliers qui liront ce témoignage n'y verront que la vie ordinaire de leur propre service et certains s'étonneront sans doute que cela fasse scandale. L'hôpital est le lieu de toutes les influences, bien au delà de celles que subissent par exemple les médecins généralistes en ville. C'est à l'hôpital en effet que tout commence, que les prescriptions s'initient, que nombre de médecins généralistes recopieront par soumission et facilité, sans même imaginer les discuter, avec l'approbation implicite des patients : on ne modifie pas ainsi l'ordonnance d'un "Professeur" ! Les firmes le savent bien et offrent ainsi gratuitement ou presque, tel l'Inexium° cité dans ce témoignage, les médicaments aux pharmacies des hôpitaux pour que les médecins des services initient ces prescriptions, reconduites alors indéfiniment en ville. C'est à l'hôpital que tout se passe. C'est aussi à l'hôpital que la loi du silence sur ces pratiques, peut-on parler d'autre chose que de corruption ? est la plus épaisse. Loi du silence entretenue par honte ou peur pour certains, par facilité ou ignorance de la nocivité de ces pratiques pour d'autres, par arrogance professionnelle pour beaucoup persuadés que leur blouse blanche et leur "éthique" les protègent des influences. "Je ne vois pas où est le problème" expliquait un des leaders d'opinion de la grippe interrogé sur ses liens avec les industries et les commerçants du médicament. Prescriptions inappropriés et effets indésirables parfois graves, voire mortels, surcoûts pour des soins solidaires, délitement de l'honneur d'être soignant, trahison de la confiance de la société envers ses professionnels de santé, etc. Où est le problème en effet ? Merci à ce médecin hospitalier d'avoir le courage de témoigner. Nous l'avons laissé anonyme pour des raisons de sécurité hélas évidentes. En France, au 21ème siècle, défendre l'éthique médicale, la vraie, requiert l'anonymat. Eh oui !... On en est là.