Une enquête de Vox Pop diffusée le 21 septembre sur ARTE. Vox Pop, le magazine d’investigation.

Vox Pop vous révèle comment le lobby des fabricants de médicaments bloque la mise sur le marché des médicaments génériques, pourtant moins chers et tout aussi efficaces.

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Médicaments génériques : des ententes à hauts risques

18 septembre 2014 – Cette semaine, Vox Pop vous dévoile ce qui se trame dans les coulisses des laboratoires pharmaceutiques, notamment comment le lobby des fabricants de médicaments bloque la mise sur le marché des médicaments génériques, pourtant moins chers et tout aussi efficaces.

Les médicaments génériques divisent toujours autant. Si, dans certains pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou encore les États-Unis, leur consommation semble être entrée dans les mœurs, dans d’autres comme la France les génériques ne représentent qu’un quart des médicaments vendus en pharmacie. En cause : les habitudes des médecins encore peu enclins à les prescrire mais aussi la méfiance des patients.

Que sait-on vraiment des génériques ?

« Sont-ils vraiment aussi sûrs, aussi efficaces et moins chers que les médicaments “classiques ?” » : L’Express fait le point sur cette question controversée, en précisant que le débat n’est pas tranché au sein de la communauté scientifique. Toutefois, une chose est établie : si le générique contient la même molécule active que le médicament dit « princeps » et que son efficacité est équivalente, ce n’est pas toujours une copie conforme dans la mesure où la présentation, la forme pharmaceutique (gélule, comprimé, etc.) et les excipients (substances intégrées aux médicaments pour lui donner sa consistance et améliorer son absorption) peuvent être différents et jouer un rôle dans la façon dont il est toléré. Reste que selon la revue médicale indépendante Prescrire, interviewée par Vox Pop (voir vidéo ci-dessus) « Il n’existe aucune preuve que les génériques sont en général d’une qualité inférieure aux médicaments dit princeps. »

Les labos à la manœuvre

Moins chers, aussi efficaces, les génériques sont de sérieux concurrents aux médicaments classiques. Les grands labos ont flairé la menace. Dans un dossier thématique, Le Figaro revient sur les stratégies déployées par les laboratoires pour entraver la mise sur le marché des génériques. Multiplications des brevets sur les molécules, actions en justice, baisse des prix, etc. Pour les labos, tous les moyens sont bons pour contrer la poussée des médicaments génériques, quitte à franchir la ligne jaune. Ainsi en juillet dernier, comme le relate Libération, la Commission européenne infligeait une amende historique à six laboratoires pour entente anti-trust et entrave à la mise sur le marché de versions génériques moins chères de leurs médicaments.

Campagnes de dénigrement

De son côté, en avril dernier le magazine Challenge racontait le lobbying intense mené auprès du gouvernement français par plusieurs laboratoires pour « sauver le soldat Doliprane ». Mission : éviter que le paracétamol soit inscrit sur la liste des médicaments que les pharmaciens doivent systématiquement proposer en génériques. La bataille du médicament est aussi une bataille de communication.
Le journal Les Échos se penche ainsi sur la stratégie de dénigrement de nombreux industriels vis-à-vis des génériques. « Un sport national » affirme le quotidien.  Exemple patent relayé par L’Usine nouvelle et première pour le secteur : en mai 2013, Sanofi était épinglé pour une vaste campagne de dénigrement des copies de l’un de ses produits phares, l’anticoagulant Plavix…

Manuel Vicuña